L’asbl Sawa : une main tendue aux prostituées

 

La pandémie et ses conséquences économiques ont permis d’éclairer des classes sociales habituellement laissées dans l’ombre, quasi invisibles. Comme les prostituées, celles qualifiées autrefois sous l’expression péjorative de filles de joie, et chantées par Brassens. Si leur situation reste aujourd’hui très précaire, les personnes prostituées peuvent aujourd’hui compter sur le soutien d’associations très actives sur le terrain. Comme Sawa, une asbl catholique dédiée à l’aide des personnes prostituées. Une générosité articulée autour de l’écoute, de l’accompagnement et de l’hébergement. Une action tournée également vers la prévention, avec des actions dans les écoles. Le dominicain Patrick Gillard, président de l’asbl, dresse un panorama de ce milieu autour duquel gravite beaucoup d’idées reçues.

Frère Gillard, pourriez-vous nous raconter l’origine de l’asbl ?

Patrick Gillard : L’idée de départ de l’asbl Sawa (ensemble en arabe) était de bâtir une action conjointe entre nos équipes et les prostituées. Lors de sa création en 2009, ses membres ont souhaité choisir un autre positionnement que celui qui était véhiculé par la majorité des associations déjà présentes. Cette approche pragmatique qui vise à proposer le règlementarisme comme solution à la prostitution. En d’autres mots organiser la prostitution comme un métier. Cette approche n’est pas et n’a jamais été la nôtre. La réglementation de la pratique n’est pas le point principal de notre action, mais davantage la rencontre, l’écoute de cette détresse et l’accompagnement des prostituées. Aller au contact de celles qui souffrent de leur passage dans la prostitution. Et tenter de les assister pour en sortir.

Votre orientation catholique est-elle une caractéristique qui vous distingue des autres asbl ? Qu’apporte-t-elle de plus ?

De fait, il y avait une notion de foi bien présente parmi les personnes fondatrices de l’asbl. Une appartenance de l’association aux références chrétiennes. Pour donner une dimension importante à notre manière de procéder dans l’aide apportée. Nous sommes catholiques, mais toutes les confessions sont accueillies au sein de l’asbl, bien entendu. Personne n’est laissé sur le bord du chemin. Cette notion de religion que vous évoquez trouve aussi tout son sens par rapport aux personnes qui passent les portes de l’asbl. Beaucoup de prostituées ont la foi et aiment en discuter avec nous. Je me rappelle d’ailleurs d’une belle anecdote. Celle relative à des prostituées qui ont fermé leur bar pour nous accueillir le temps d’une prière partagée ensemble. Un moment de partage qui m’avait beaucoup touché. Notre approche chrétienne me donne à penser que notre action n’est finalement pas si différente du message évangélique. (…)

L’article qui suit provient du dossier sur la prostitution publié dans le Dimanche n°14. Lire la suite de l’article sur le site de Cathobel.

© texte: propos recueillis par Philippe DEGOUY
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