Jeudi saint | Le message de monseigneur Kockerols

Aujourd’hui 14 avril à 18h, monseigneur Kockerols a présidé la messe du Jeudi saint à la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule.
Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion d’y assister, vous retrouverez ci-dessous le texte de son homélie.

Homélie pour le Jeudi Saint: Les présences réelles

Présence de la Croix

Pâques. Pesah en hébreu. Le repas pascal est décrit dans la première lecture (Ex 12). Du pain sans levain, l’agneau roti, manger debout, la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, prêt à partir, à quitter la terre de servitude, à traverser la mer rouge, pour aller, librement, vers la terre de la promesse. Ce repas pascal, il a lieu en famille, chaque année. Au cours du repas, le pater familias raconte l’Exode, la libération d’Israël. Et puis, le plus jeune de la famille pose cette question Père, quand cela a-t-il lieu ? La réponse est : c’est aujourd’hui que cela se passe.  Aujourd’hui.

Quand Jésus dit à ses disciples faites ceci en mémoire de moi, et que nous, ses disciples, faisons “comme il nous la dit de faire”, ce n’est pas un pieux souvenir que nous célébrons. Ce n’est pas un flash back, comme dans les films. Ce n’est pas un mime. C’est inscrire dans le présent, ici et maintenant, le mystère de la Pâque de Jésus. Quand a-t-elle donc lieu ? C’est au présent, c’est une réelle présence de sa Pâque, de son passage au Père.

Présence de quoi, précisément ? D’abord présence de la Croix de Jésus, de son don de soi, de son sacrifice, de son amour jusqu’au bout. L’Eucharistie est célébrée sur un autel. Ce n’est pas une simple table. C’est un autel, celui du sacrifice de Jésus, de son don de soi. Jésus se donne : prenez, mangez, buvez, ceci est mon corps, mon sang versé pour vous. Ceci est ma vie que je donne en partage. Lorsque Jésus rassemble la veille de sa Passion ses disciples au Cénacle, comme S. Paul nous le relate, c’est une préfiguration, une annonce de la Croix, de ce qu’elle est vraiment, bien au-delà es apparences d’échec, de fin, d’abandon. Dès lors, quand nous sommes réunis en son nom, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur. Dans la célébration de l’Eucharistie, il y a réelle présence de la Croix, présence de l’amour qui va jusqu’au bout.

Présence du Ressuscité

Ensuite, il y a une réelle présence du Ressuscité lui-même. Nous annonçons (sa) résurrection. De l’autel descend vers nous cette vie donnée. Cette vie qui veut demeurer en nous. Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui, dit Jésus en S. Jean. Le Vivant veut demeurer, habiter en nous, dès maintenant. Aujourd’hui, je veux demeurer chez toi, cher Zachée. Ouvre donc ton coeur, viens mendier au pied de l’autel cette vie donnée. Ouvre tes mains, fais-en un trône pour le Sauveur. Dans la célébration de l’Eucharistie, il y a réelle présence du Vivant, présence de l’amour vivifiant. Communion déjà accomplie, en attendant qu’il vienne dans la gloire.

Enfin, précisément, en attendant qu’il vienne, il y a un réel appel qui résonne. C’est celui du lavement des pieds. Lequel, ou plutôt lesquels ? Au moins deux. Celui de nos “propres” pieds que nous nous sommes laissé laver par lui : Pierre, si je ne te lave pas pieds, tu ne peux avoir part avec moi. Mais aussi l’appel pressant à faire comme lui, à s’agenouiller devant nos soeurs et frères en humanité et les rejoindre, pour les toucher, les servir, les aimer. Dans la célébration de l’Eucharistie, il y a réelle présence d’un appel et d’un envoi du Christ : afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai faut pour vous.

Oui, c’est aujourd’hui que cela se passe. C’est ici, ces présences réelles : celle du passage au Père du Fils bien-aimé dans le mystère de la Croix. Celle du Resuscité qui se veut pain de vie éternelle pour chacun de nous. Celle des baptisés, qui ne restent pas sourds à son appel et qui, en communion avec lui, aimeront jusqu’au bout. Amen.

+Jean Kockerols

Vers le site internet de la Cathédrale.

© photos: Charles De Clercq – Wikimedia