On aurait tort de penser, fin septembre, quand les affres de la rentrée sont derrière nous qu’une rassurante routine s’installe. Le dynamisme de l’UP des Sources Vives illustre ce propos. En effet, à peine « la rentrée caté » effectuée le samedi 17 septembre, qu’une partie de l’énergique équipe des catéchistes accompagnée de leur curé plein de vitalité, se met en route pour Rome, où le Saint Père, dans le cadre du Jubilé de la Miséricorde, avait spécialement invité les catéchistes pour le « Jubilé des catéchistes ». A Rome, ils y se joignent au groupe des catéchistes de Bruxelles et du Brabant Wallon, sous la houlette du chanoine Joël Rochette, recteur du grand séminaire de Namur, accompagnateur attentionné et cultivé, et de l’efficace et discrète Jola, responsable de la pastorale en Brabant Wallon.
Dès le vendredi, l’équipe au grand complet se retrouve dans l’église San Marcello pour confier leur démarche jubilaire à la Santa Madona. Puis, direction Santa Maria sopra Minerva, église des dominicains construite sur le temple romain de Minerve, pour l’ouverture du Jubilé des groupes francophones. Qu’ils soient de Québec ou de l’île Maurice, tous les catéchistes de langue française ont suivi l’enseignement de monseigneur Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et président de la commission épiscopale pour la catéchèse et le catéchuménat, soulignant que la réponse à la miséricorde divine c’est de croire. Le départ est donné, dès le lendemain le groupe s’achemine vers la Chiesa Nuova pour un temps d’adoration et de confession avant de se diriger vers Saint Pierre pour le passage de la Porte Sainte. La démarche s’organise en 5 étapes. Tout d’abord au niveau du château Saint Ange, l’équipe se voit confier une croix en bois de grande taille que nous portons à tour de rôle pendant tout le parcours et nous commençons par le psaume 122 (121) :
Quelle joie quand on m’a dit : Nous irons à la maison de Dieu.
Puis à la hauteur de l’église de Santa Maria in Transpontina, nous confions notre démarche à Marie Reine et Mère de Miséricorde. Ensuite à l’entrée de le place Saint Pierre, sous les silhouettes des saints au sommet de la colonnade réconciliant ainsi la terre et le ciel et accueillant les pèlerins, nous récitons la prière écrite par le pape pour le Jubilé de la MIséricorde et nous lisons « Fais que chacun de nous écoute les paroles dite à la Samaritaine- si tu savais le don de Dieu ».S’ensuit le moment tant attendu : le passage de la Porte Sainte et chacun de relire un extrait de la Bulle d’Induction « Misericordiae Vultus » du Pape François : « Quiconque entrera par la Porte de la Miséricorde pourra faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne et donne l’espérance. » et de reprendre en chœur le psaume 103
Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits.
Enfin, dans la basilique, nous professons notre foi devant la tombe de Saint Pierre et nous prions aux intentions du Pape. Fortifiés par ce moment très spécial et très recueilli, nous repartons en emportant en nous ces paroles du Christ : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (St Luc 6, 36.)
Notre prochaine aventure nous attend à Saint Paul hors les murs, basilique à l’extérieur du Rome historique, et où repose Saint Paul. Les participants du Jubilé des catéchistes se retrouvent pour les vêpres. C‘est toujours émouvant d’entendre des fidèles du monde entier entonner les mêmes cantiques et de constater comme diraient nos chers jeunes qui ont toujours le sens de la formule, « mais en fait, vous les parents, vous participez à des JMJ pour vieux ! ».
Nous ne sommes pourtant pas au bout de nos émotions. En effet, la force des témoignages entendus nous bouleverse. Que ce soit l’humilité de Fransisco Nhassope catéchiste persécuté au Mozambique, ou la fraîcheur de Frédérique Fauvel catéchumène baptisée à Notre Dame du Saint Sacrement comme 400 autres adultes de Paris, ou encore le sourire du père Cyril Axelrod seul prêtre aveugle et sourd au monde qui en langage des signes nous fait comprendre que les sacrements sont le « body language » de Dieu, et enfin la fulgurance des propos d’ Enrique Sarria, catéchiste romain qui nous rappelle qu’en tant que catéchiste il est essentiel de nous rappeler notre faiblesse pour montrer la force et la puissance de Dieu, qu’en tant que chrétiens , nous sommes d’abord venus pour être servis et seulement après servir, que le silence et la contemplation permettent de regarder avec les yeux de qui veut aimer non seulement les amis mais aussi les ennemis, et de terminer ainsi « les catéchistes sont des serviteurs inutiles dans les mains de Dieu». Puis, monseigneur Fisichella, président du conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, nous accueille en 6 langues et célèbre les vêpres.
Ce temps en communion avec tous ces catéchistes renforce le sentiment de faire partie de l’Église, sentiment qui se confirme encore le lendemain dimanche lors de la messe papale en plein air sur la place Saint Pierre. Sous un beau soleil, qui vaut à certains un look casquette grand prix Francorchamps et à d’autres un bronzage de nuque qualifié de papal par le groupe, notre équipe bien placée retrouve le flot des 30 000 fidèles du monde entier venus suivre la messe.
Dans son homélie, le Pape François rappelle que transmettre l’évangile n’est pas chercher à convaincre en imposant la vérité, en se raidissant sur des obligations religieuses ou morales ou en jouant les prophètes de malheur mais en rencontrant les personnes. C’est en vivant l’Évangile de la charité qu’on peut transmettre la Beauté de Dieu, alors finies la tristesse, la recherche de la gloire ou des apparences. Ainsi devant tant de « Lazare que nous voyons (…) nous sommes appelés à nous inquiéter, à trouver des chemins pour rencontrer et aider sans déléguer toujours aux autres et dire – je t’aiderai demain », puis il conclut que « le temps donné pour porter secours aux autres est du temps donné à Jésus, c’est l’amour qui demeure: c’est notre trésor au ciel que nous procurons ici sur terre ».
Puis après la bénédiction finale et l’Angélus, le Pape François prend le temps de bénir ceux qui l’entourent, notamment notre accompagnatrice Jola et le prêtre aveugle et sourd Cyril Axelrod que nous avons entendu la veille et qui, détail amusant, à son tour bénit le Pape ce qui illumine le visage du Saint Père. Alors galvanisé par l’énergie de ces hommes et ces femmes, contre toute attente, il monte dans sa papamobile pour faire un tour complet de la place. Cette générosité déclenche immédiatement l’euphorie chez les fidèles qui tendent leur smartphone pour immortaliser l’instant. A défaut de selfies avec le Pape François (demande expresse et évidente de nos enfants) nous avons pris des photos du Saint Père dont nous sommes fiers.
Cette eucharistie marque la fin de ce pèlerinage et certains s’en retournent déjà. Cependant quelques irréductibles prolongent leur séjour et profitent de l’inépuisable richesse historique de Rome et de l’intarissable gentillesse de leur guide, le chanoine Joël Rochette. Au programme découverte de la basilique Saint Clément symbole de toutes les strates du christianisme à Rome puisqu’elle a été bâtie sur un temple de Mythra et reconstruite 2 fois.
Une dernière messe à Saint Julien des Flamands s’impose, car cette reproduction miniature d’une église du Bernin est l’église belge de Rome et il est temps de rejoindre nos pénates.
Finalement, ce Jubilé des catéchistes à Rome nous a fait apprécier la dimension universelle de l’Eglise mais nous a permis aussi de faire église entre catéchistes de différentes régions de Belgique. Les pauses déjeuners savamment organisées par notre guide ont favorisé ce rapprochement et personnellement nous nous sommes promis d’assister en famille à une messe du père Jean Pierre, voisin de table lors d’un repas et curé à Molenbeek. Ainsi, qui dit pèlerinage des catéchistes dit rencontres, ressourcements, prières, élans. Il paraît que dans 3 ans on remet cela, alors à bon entendeur, salut !
Anne de Lavigne
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