Vers la fin de l’occupation de l’église du Béguinage par les sans-papiers

La fabrique de l’église du Béguinage a décidé que l’occupation de l’église par l’Union des Sans-papier pour la Régularisation devait prendre fin. Le père Daniel Alliët soutient cette décision mais souhaite poursuivre l’action de solidarité.

Fin de l’occupation … mais pas de l’action de soutien

Il y a près d’un an, une centaine de personnes en séjour irrégulier s’installaient dans l’église du Béguinage à Bruxelles pour une occupation soutenue par le collectif Union des Sans-papier pour la Régularisation (USPR). « L’action n’était pas une action par et pour les personnes sans logement mais une action politique », souligne le communiqué publié par House of Compassion (la maison de la compassion, l’organisation du père Daniel Alliët, prêtre de la paroisse du Béguinage). « Il s’agissait de travailleurs sans papiers qui travaillaient ici depuis de nombreuses années et que la crise sanitaire avait sérieusement détérioré leurs conditions de vie. » observent les responsables de l’association.

La fin de l’occupation, précise House of Compassion, « ne signifie en aucun cas la fin de notre solidarité avec les sans-papiers. » « La lutte pour une politique d’asile et de régularisation plus humaine se poursuit » écrit encore le père Alliët. « Nous voulons continuer à la soutenir partout où nous le pouvons, en aidant à trouver les moyens les plus appropriés. »

Les espors déçus de la régularisation

L’action avait été marquéeen été 2021 par une grève de la faim de 54 jours en vue de l’obtention d’une régularisation. S’en était suivi une large mobilisation citoyenne et des appels d’associations et de l’Eglise, notamment par la voie du cardinal De Kesel. L’archevêque demandait d’agir face à une situation dramatique de « personnes en danger qui appellent notre compréhension et notre compassion ». En juillet 2021, la grève de la faim avait pris fin suite à une annonce du Secrétaire d’Etat à l’asile et la migration. Sammy Mahdi assurait que les demandes des grévistes seraient considérées comme recevables et entièrement examinées.

Dans les mois suivants, une partie des demandes ont reçu une réponse négative assortie de l’obligation de quitter le territoire. Dans un billet du 4 janvier, le père Daniel Alliët ne cachait pas sa déception: « Après les négociations des 20 et 21 juillet, nous pensions que tout un groupe de gens serait reconnu. Aujourd’hui, nous nous sentons très déçus quand nous voyons le nombre de réponses négatives, même pour des personnes dont nous pensions qu’elles avaient d’excellents dossiers. »

Karen Naessens, porte-parole de House of Compassion, regrette aussi que les délais annoncés par le Secrétaire d’Etat pour le traitement des dossiers n’ont pas été respectés. Des personnes en séjour irrégulier qui ont trouvé un logement depuis cet été n’ont toujours pas reçu la visite d’un agent de quartier pour confirmer leur domicile. Leur dossier reste dès lors sans suite.

Les sans-papiers ne seront pas mis à la rue

La fabrique de l’église du Béguinage a décidé que l’occupation de l’église devait prendre fin. « Reconnaissant le cri de dignité des travailleurs sans-papiers, nous avons toléré l’occupation », écrit le père Alliët. Mais celle-ci rendait impossible les offices religieux avec plus de 15 personnes. De plus, « d’un point de vue humanitaire, le bâtiment n’est pas adapté – surtout en hiver – à l’hébergement et la situation dans l’église n’est plus sûre. »

Une vingtaine de personnes occupent toujours actuellement l’église, principalement des personnes qui ont perdu leur maison l’année dernière. Médecins du monde et le réseau de contacts de l’association cherchent activement des solutions pour reloger ces personnes. D’après la Karen Naessens, parmi celles-ci « certaines sont prêtes à mettre fin à l’occupation mais d’autres voudraient reprendre une grève de la faim et pourraient être rejointes dans ce mouvement. ».

L’exemple de l’Allemagne

Nos pays voisins montrent comment les choses peuvent être faites différemment. L’Allemagne, le pays auquel le secrétaire d’État Sammy Mahdi se réfère parfois comme un phare, a déjà clairement pris le virage avec son nouveau gouvernement aujourd’hui. Celui qui y reste pendant cinq ans se voit accorder un an pour trouver un emploi ou commencer une formation préparant à un métier en pénurie. « Cela est également possible en Belgique », déclare Karen Naessens. « Cela donne à ces personnes la possibilité de contribuer à la société de manière normale, sans avoir à vivre dans une exploitation dégradante. »

Lire l’article original de Cathobel.

© texte: Manu Van Lier avec House of Compassion (adaptation Sébastien De Bock)
© photo: House of Compassion