Le 08/05 : Journée mondiale des communications sociales

Accédez au message du pape François en cliquant ici.

La communication au service de la Miséricorde. Ou réciproquement.
Une lecture – parmi d’autres – du message du pape François pour la 50ème Journée mondiale des Communications sociales.

Il y a quelques semaines, une personne de passage à la table de cette presque sainte maison s’étonnait de la manière dont la miséricorde s’étalait en toutes lettres au fil du calendrier, bien qu’elle n’en comprît point les plus élémentaires des contours. C’est qu’à force de parler de potion, on en oublierait que nous sommes tombés dedans il y a fort longtemps déjà. Aussi ai-je bien modestement essayé de définir la miséricorde comme un amour qui dépasse les strictes clauses d’un contrat, la miséricorde comme l’amour d’un père qui aime son enfant même s’il a cassé une vitre, un amour juste et immense, dont Dieu peut certainement se targuer. Mais aussi un amour personnel que nous pouvons recevoir, et partager. Envoyer et recevoir : les deux pôles de tout schéma de la communication.

Faire grandir la communion
Dans son invitation à articuler communication et miséricorde, le pape François nous invite dès les premières lignes à voir l’Eglise comme une incarnation vivante de Dieu Miséricordieux : une formule forte, et quelque peu ambigüe si l’on obscurcissait la suite : « [elle] est appelée à vivre la miséricorde comme un trait distinctif de tout son être et de tout son agir ». Rien de moins. Voilà donc par quoi l’Eglise se distinguera : par l’amour inconditionnel qui fera d’elle ce qu’elle est, et la poussera à poser des gestes en conséquence. Quel programme ! « Comme enfants de Dieu, nous sommes appelés à communiquer avec tous, sans exclusion » : là où les théoriciens de la communication nous font voir que tout est communication, que tout ce que l’on est, porte, fait, est message vers l’extérieur, le pape François nous rappelle que cette fameuse ‘communication’, cette mise en relation, est non seulement un appel, mais un appel qui ne souffre d’aucune discrimination. L’universalité de l’Eglise qui en porte le nom passera par le soin avec lequel elle recherche la proximité. C’est prodigieux de simplicité. Et le pape d’user de mots comme langage, chaleur, ponts, inclusion, pour « faire grandir la communion ».

Audace et créativité
« La miséricorde n’est pas une obligation, c’est une double bénédiction : pour celui qui la donne et celui qui la reçoit ». Le pape François ne cite pas un de ses prédécesseurs, mais Shakespeare pour nous montrer combien elle reste universelle. Reste que prendre le temps de l’écoute et de l’accueil, habiter ses modes de présence pour entrer en résonance (katechein !) avec autrui demande une certaine habitude, un certain effort. Et lorsque surgissent les conflits, il paraît parfois bien difficile de surmonter ou de traverser ce qui a blessé. C’est là que le pape nous invite à prendre courage, et à faire preuve d’audace, voire de créativité, pour offrir des solutions neuves à de vieux conflits, pour entrer paisiblement dans de durables processus de réconciliation. Ceci, sans jamais avoir à triompher sur quiconque ou à rejeter quiconque. Communiquer avec miséricorde, ou de la miséricorde, c’est faire montre de douceur et d’humilité.

Annoncer, avec ou sans technologie
Si nous annonçons, et si nous condamnons l’injustice, c’est donc à la mesure de la miséricorde de Dieu que nous sommes appelés à le faire. En évitant les pièges de l’orgueil et de l’idéalisme, nous pourrons alors entrer dans des manières d’être, de partager, de communiquer, qui soient vraiment dignes des dons que nous avons reçus. Communication et miséricorde peuvent alors permettre une proximité toute évangélique : une rencontre au détour d’un chemin, une Parole qui donne vie, un réseau de frères réunis en Dieu et en humanité. Et ceci, avec ou sans technologies : François nous rappelle que là comme ailleurs, on caresse comme on blesse, on construit et on lynche. Ce qui définit l’authenticité de la communication ? « C’est le cœur de l’homme » qui la met en œuvre.

PE Biron.