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Abus sexuels dans l’Église : et maintenant ?

Agnès Pinard Legry – Publié le 06/10/21

Après la publication de l’effarant rapport sur les abus sexuels commis dans l’Église depuis les années 1950, les catholiques sont sous le choc. Entre prise de responsabilité, prière et actions concrètes, que va-t-il désormais se passer ? De premières mesures pourraient être annoncées début novembre, lors de l’assemblée plénière des évêques de France.

« J’exprime ma honte, mon effroi, ma détermination à agir avec [les victimes d’abus sexuels] pour que le refus de voir, le refus d’entendre, la volonté de cacher ou de masquer les faits, la réticence à les dénoncer publiquement disparaissent des attitudes des autorités ecclésiales, des prêtres et des acteurs pastoraux, de tous les fidèles ». Réagissant à la publication de l’accablant rapport sur les abus sexuels commis par des membres de l’Église, les mots de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF) sont forts. Et éprouvants. Chiffres glaçants, analyse sans concession de la politique ecclésiastique et recommandations au vitriol, le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, la fameuse Ciase, est un choc pour les catholiques en France et dans le monde entier. « C’est le moment de la honte », a réagi le pape François lors de l’audience générale du mercredi.

 
Honte et consternation devant le si grand nombre de personnes qui vivent aujourd’hui blessées par des hommes et des femmes qui ont trahi leur propre vocation.
 

Une honte partagée par l’ensemble de l’épiscopat français. « Si nous minimisons le rapport de la Ciase, l’Église du Christ en France n’a plus d’avenir sinon comme petite secte moralisatrice », a lancé l’archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel, faisant également part de son « sentiment de petitesse devant le chemin à accomplir ». « Que dire après l’écoute du rapport de la Commission Sauvé, sinon l’immense honte face aux personnes victimes d’agressions sexuelles commises par des prêtres, des religieux et des religieuses ? Honte et consternation devant le si grand nombre de personnes qui vivent aujourd’hui blessées par des hommes et des femmes qui ont trahi leur propre vocation », a réagi pour sa part l’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun. Après la publication de ce rapport, que l’épiscopat français doit s’attacher à décortiquer, les premières mesures concrètes pourraient être annoncées début novembre lors de l’assemblée plénière des évêques à Lourdes.

C’est à la demande de la CEF et de la Conférence des religieuses et religieux de France (Corref) que la Ciase a été créée en novembre 2018. Présidée par Jean-Marc Sauvé, reconnu pour son indépendance, cette commission a poursuivi trois objectifs. Dresser un état des lieux des abus sexuels commis au sein de l’Église en France depuis 1950, analyser la politique de l’Église sur ce sujet-là et, enfin, formuler une série de recommandations.

Et maintenant, que va-t-il se passer ? Comme l’a rappelé Jean-Marc Sauvé lors de la présentation du rapport, son travail s’arrête là. Elle n’a pas vocation à contrôler l’application des recommandations formulées. Les évêques et les religieux ont déjà lancé un certain nombre de chantiers. Sur la question de l’indemnisation financière, les évêques ont voté en mars 2021 la création d’un fonds de dotation dont le montant prévu serait de cinq millions d’euros pour commencer. Mais la commission a demandé à ce que ce ne soit pas une somme forfaitaire, mais plutôt une indemnisation dont le mode de calcul consisterait à prendre en compte « les préjudices subis plutôt qu’à se référer à des catégories d’infractions perpétrées ». L’Église pourrait ainsi annoncer sous peu la composition d’une instance indépendante qui attribuera une aide individualisée.

 

Des mesures annoncées début novembre

 

Un autre chantier concerne la mise en place prochaine d’un tribunal pénal national pour juger, selon le droit canon, les auteurs d’abus sexuels. Jusqu’à présent chaque diocèse avait son propre tribunal : l’évêque avait en même temps le pouvoir de nommer les juges et il était chargé « d’appliquer les peines » de ses prêtres reconnus coupables. « Il y a une trop grande confusion des responsabilités », a mis en garde à ce sujet Jean-Marc Sauvé lors de la présentation du rapport.

Si certaines actions ont déjà été menées au sein de l’Église depuis quelques années, d’autres devraient être décidées dans un mois, à l’issue de l’assemblée plénière des évêques qui se tient à Lourdes du 2 au 8 novembre. Les évêques y décideront, à la lumière du rapport de la Ciase, de nouvelles mesures à prendre ou l’ajustement des décisions déjà votées.

Et qu’en est-il au niveau du Vatican ? En août 2018 le pape François avait écrit la Lettre au peuple de Dieu au sujet des abus sexuels dans l’Église. Un peu moins d’un an après, en février 2019, il organisait un sommet sur ce sujet avec les présidents des conférences épiscopales du monde entier. Il y a d’autres exemples, comme la réforme du droit canonique qui entre en vigueur le 8 décembre prochain et qui est l’aboutissement d’un long travail. À la question de savoir s’il comptait venir présenter le rapport au pape François, Jean-Marc Sauvé a répondu : « C’est une possibilité qui est sur la table. Nous sommes à la disposition du Saint-Père pour le rencontrer. »

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