Bois-Seigneur-Isaac a fêté les 600 ans de son abbaye

 

Bois-Seigneur-Isaac a fêté les 600 ans de son abbaye

Une série de festivités ont marqué, le week-end des 13 au 15 septembre pour le 600ème anniversaire de la bulle du pape Martin V approuvant en 1424 la création de l’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac. Merci à Bernard Snoy qui nous a envoyé cet article.

 

Colloque historique pour donner les clés

Dans l’après-midi du 13 septembre, un colloque a mis en lumière l’histoire du monastère dans son contexte régional et global. Il a aussi présenté les trois grandes traditions monastiques et spirituelles qui s’y sont succédées depuis 2010 : celle des religieux augustins, celle des prémontrés et celle de l’Ordre Libanais Maronite.

Parmi les intervenants de ces conférences : Madame Rebecca Alsberge, Déléguée épiscopale pour le Brabant wallon, le Père Marc Fierens, Abbé d’Averbode, et le Père Elias Khalifé, ancien Supérieur général de l’Ordre Libanais Maronite.Un colloque sur l’histoire de l’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac

Madame Monique Maillard, archiviste et conservateur du patrimoine du grand séminaire de Tournai, a détaillé les interventions nombreuses de la papauté et de l’épiscopat dans le diocèse de Cambrai, sous le pontificat de Martin V ( 1417-1431).

Martin V souhaitait réformer l’Eglise. Le prieuré de Bois-Seigneur-Isaac aurait joué un rôle significatif dans ce projet. Il a été notamment le centre de la diffusion dans nos contrées de la « devotio moderna ».

 

La devotio moderna

Christophe Leduc, Président du Centre de Recherches et d’Etudes Prémontré a expliqué comment ce mouvement de renouveau religieux et spirituel avait inspiré la rédaction de « l’Imitation de Jésus-Christ. » Le mouvement de la « devotio moderna » a été initié au 14ème siècle par le néerlandais Gérard de Groote (1340-1384).

Ce texte appelle les chrétiens à incarner davantage le message évangélique dans leur vie quotidienne. Le Père abbé d’Averbode a en outre rappelé le charisme propre aux Prémontrés et les trois piliers d’une communauté chrétienne authentique : Caritas, Communio et Cultus (liturgie).

 

Une abbaye qui dure

Commentant le fait que, de toutes les abbayes fondées au Moyen Âge dans notre Brabant wallon, Bois-Seigneur-Isaac est la seule à subsister aujourd’hui, le Père Herman Janssens, archiviste de l’Abbaye d’Averbode, a souligné la résilience de l’abbaye Saint-Charbel de Bois-Seigneur-Isaac. En effet, les moines ont reconstruit l’église et ses bâtiments en 1580 au cours des guerres de religion. Puis, en 1903, les Prémontrés ont fait renaître l’abbaye, supprimée à la Révolution française.

Enfin, Xavier Cambron, Président de Brania, Cercle d’Histoire et de Généalogie de Braine-l’Alleud et Directeur du Collège Cardinal Mercier, a montré comment la position géographique de Bois-Seigneur-Isaac avait influencé son histoire. L’abbaye est en effet située aux confins du Hainaut et du Brabant, sur un axe de communication nord-sud. Il a aussi souligné que sa notoriété était surtout liée à son château et à son abbaye.

 

Le miracle du Saint Sang

Paul Bertrand, Professeur d’histoire médiévale à l’UCLouvain et connaisseur du dossier du miracle du Saint Sang de 1405, a conclu que, dans une Église , le plus souvent en crise, l’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac a été un lieu d’espoir et une institution plus importante qu’elle ne pourrait sembler.

 

Une abbaye tournée vers l’avenir

Quant à l’avenir, la Délégué apostolique Alsberge et le Père Charbel Hajj le voient avec confiance. L’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac est en effet devenue, sous l’impulsion de l’Ordre Libanais Maronite, un lieu très vivant, placé sous les auspices du grand saint libanais Charbel Makhlouf. Il accueille régulièrement des rencontres entre chrétiens d’Orient et d’Occident avec des approches théologiques, des manières de vivre la foi et d’aborder l’annonce missionnaire différentes mais complémentaires. Et si l’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac était tout simplement en phase avec ce que vit l’Eglise actuelle dans son mouvement synodal.

 

Hildegarde de Bingen sous toutes les coutures

Qui est Hildegarde de Bingen ? La magnifique chapelle Notre-Dame de l’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac a été le théâtre le soir du 13 septembre d’une très belle conférence sur Hildegarde de Bingen. C’est Christophe Herinckx, théologien, journaliste multimedia et présentateur de « En quête de sens » et d’autres émissions sur Cathobel, qui en a assuré le cœur.

Celui-ci a mis en lumière les multiples facettes de la personnalité et de l’œuvre de cette abbesse bénédictine du 12ème siècle. Mystique, prophétesse, philosophe, théologienne, poétesse, Hildegarde a écrit des livres de théologie mystique, mais aussi de médecine, de botanique, de cuisine… Proclamée sainte et docteure de l’Église par le pape Benoît XVI en 2012, Hildegarde touche aujourd’hui bien au-delà des frontières du catholicisme.

 

Un art qui soigne et guérit

Jean-Paul Bessy, compositeur, violoncelliste, chef d’orchestre, Membre de l’Académie royale de Belgique, a apporté une réponse partielle à cette question. Il a expliqué que la musique comme les écrits de Hildegarde apportent une réponse à la recherche spirituelle de nos contemporains. Hildegarde a en effet composé plus de plus de 70 chants liturgiques d’une rare beauté. Ces œuvres sont entièrement fondées sur son expérience mystique. Elles répondent ainsi à une soif de paix intérieure, d’harmonie avec l’ensemble du vivant. C’est « une musique qui soigne l’âme ».

Quant aux adeptes des médecines alternatives, par exemple, ils peuvent puiser dans les conseils éclairés dans « Les causes et les remèdes. » Il s’agit d’un ouvrage de Hildegarde consacré aux soins par les plantes. Anne Burette, historienne à l’Abbaye de Villers-la-Ville et accompagnatrice en méditation de pleine conscience en a fait la présentation.

La soirée s’est terminée par une très émouvante interprétation d’un chant de Hildegarde par Romain Dayez, baryton, diplômé des conservatoire de Bruxelles et du CNSM de Paris, accompagné au violoncelle par Jean-Paul Dessy.

 

Fête villageoise

Le jubilé de l’abbaye a été accompagné d’une fête villageoise d’inspiration médiévale, organisé sous l’égide de l’ASBL « Les Bolozaks », une association créée dans le but d’un mieux-vivre intergénérationnel à Bois-Seigneur-Isaac.

Tout au long de l’après-midi du samedi 14 septembre, des animations et initiations médiévales ont eu lieu dans la drève en face du château et dans la prairie attenante.

Parmi les attractions, mentionnons le campement médiéval « les Couloirs du Temps », la compagnie d’escrime« Les 7 épées ». la compagnie « Les Flocons » initiant au débardage avec cheval de trait, Mime Hic (Pierrot et initiation aux mains’rionnettes), un maréchal ferrant, une troupe campagnarde de danses folkloriques et la chanteuse Tia Deole, accompagnée de son hand pan ;

 

Un spectacle qui rassemble

En fin d’après-midi, la magnifique dimière de la ferme de l’abbaye a été le théâtre d’un splendide spectacle « Cabaret médiéval » créé par « Les Colyriques » et des groupes associés sous la direction d’Eric Favresse.

Outre les enfants de l’école de Bois-Seigneur-Isaac, qui ont interprété deux chants, il y avait plus de 70 figurants. Réparti sur une vingtaine de numéros, ce fut un spectacle d’émotions et de rire où les genres et les styles médiévaux se suivirent sans se ressembler.

On y retrouvait des poèmes de Marie de France, de François Villon et de Clément Marot. Les chansons « El Grillo » de Josquin des Prés et « Le grand désir d’aymer » de Loyset Compère complétaient le tout. Sans oublier un air de Grétry sur Richard Cœur de Lion et de Schumann sur Geneviève de Brabant.

Le spectacle avait un caractère européen – avec « Summer is Icomen in » une chanson anglaise remontant au 9ème siècle, la chanson suédoise « Kulning », « La Rosa Enfloresce » en langue ladino des juifs séfarades, et le très émouvant « Ranz des Vaches » en patois de Fribourg en Suisse – et même international, les moines libanais ayant accepté d’interpréter des hymnes religieux en arabe.

Le cabaret médiéval fut suivi , dans la même dimière, d’une »Ripaille » qui eut tant de succès qu’il fallut refuser du monde, et d’une joyeuse soirée folklorique médiévale animée par « Ars Vivendi ».

 

Messe pontificale et Grande Procession du Saint-Sang de Bois-Seigneur-Isaac

Le point d’orgue des festivités fut la messe pontificale du dimanche 15 septembre. Monseigneur Franco Coppola, Nonce Apostolique auprès de la Belgique et du Luxembourg, a présidé la célébration. Ensuite, une procession à travers le village de Bois-Seigneur-Isaac a eu lieu, avec pause et bénédiction à cinq stations réparties dans le village.

Dans son homélie, le Nonce a parlé de manière très émouvante du message essentiel de l’évangile du jour. Il s’agissait de l’interpellation du Christ à ses apôtres : « Pour vous qui suis-je ? ». Il a aussi parlé de la visite imminente du pape François en Belgique. Comme les années précédentes, un groupe africain a donné une touche particulière à la liturgie de la messe pontificale avec plusieurs chants en lingala.

Le Nonce apostolique a tenu à porter lui-même le précieux ostensoir du 16ème siècle pendant la procession. Cet ostensoir contient la relique du Saint-Sang de Bois-Seigneur-Isaac. Trois chevaliers de l’Ordre Equestre du Saint Sépulcre de Jérusalem accompagnaient les reliques de la Sainte-Croix et de la Sainte-Épine.

L’élément inédit de la procession de cette année était la participation de bénévoles du Comité de Sainte-Gertrude de Nivelles. Ils portaient le magnifique reliquaire du « Chef de Sainte Gertrude ». En effet, l’abbesse Christine de Frankenberg avait apporté son soutien à l’ abbaye de Bois-Seigneur-Isaac dans ses premières années.

 

Article du service communication du vicariat du Brabant-Wallon

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Accéder au site du vicariat du Brabant-Wallon ici.

Visiter le site du monastère Saint-Charbel à Bois-Seigneur-Isaac ici.