Homélie de Mgr Kockerols lors des funérailles du père Jean-Jacques Kasanda

Jean-Jacques Kasanda, prêtre missionnaire spiritain à Molenbeek, est décédé le dimanche 5 janvier après-midi d’un arrêt cardiaque. Il avait à peine 59 ans.

Ce lundi 13 décembre, ses funérailles ont eu lieu en l’église Saint-Jean-Baptiste à Molenbeek.

 

Voici l’homélie que Mgr Kockerols a prononcé à cette occasion : 

 

« Cette parole d’Evangile (selon S. Luc 12, 35-40), elle résonne de façon particulière pour nous. Car, oui, c’est à l’heure où personne n’y pensait que le Seigneur a appelé Jean-Jacques à le rejoindre. C’était inattendu, très brusque même. Et, humainement parlant, ça nous fait très mal. Jean-Jacques était encore assez jeune, et puis il est mort si brusquement.

Mais comme l’écrit S. Pierre, l’épreuve que nous vivons vérifie la valeur de notre foi. C’est une mise au défi. Ou bien nous nous laissons abattre par notre tristesse, ou bien nous demandons à l’Esprit St de nous laisser envahir par un esprit de foi et d’espérance. C’est donc dans la foi que nous essayons d’entrer dans le mystère de ce que nous célébrons ce matin. Nous pouvons nourrir notre foi et notre espérance en rendant grâce à Dieu, c’est-à-dire en essayant de comprendre ce que le Seigneur nous a donné en nous donnant Jean-Jacques et puis en rendant grâce pour la promesse de vie qui s’y cache. Rendons grâce à Dieu. Pour l’homme, pour le prêtre et pour le religieux spiritain.

L’homme d’abord. Le premier contact avec Jean-Jacques était peut-être un peu difficile. Parce qu’il ne répondait pas du tac-au-tac, immédiatement. En homme discret, il réagissait lentement, posément, sans s’énerver. Quelle grande qualité. Ecouter, regarder avec bienveillance. Etre attentif à ce que vous dites, mais plus encore à ce que vous êtes. Et puis il se risquait à une parole. Il fallait parfois aller chercher la parole de Jean-Jacques : et toi, qu’en penses-tu ? Mais sa parole, simple, sans fioritures, était celle d’un sage, et d’un juste, et d’un homme bon. Voilà ce que le Seigneur nous a donné : un homme bon. Rendons grâce.

Le prêtre ensuite. L’évangile souligne l’esprit de service de celui qui veille et attend son Seigneur. Veiller, c’est désirer rencontrer celui qui vient. C’est attendre, c’est être attentif. Désirer rencontrer Jésus, dit l’évangile, c’est être en tenue de service. Le mot latin pour service, c’est ministerium. Oui, Jean-Jacques a compris sa vie de prêtre d’abord comme service. Certains croient qu’être prêtre, c’est avoir des droits, des privilèges, d’être « au-dessus de la mêlée ». Ceux qui ont bien connu Jean-Jacques ont pu comprendre quelque chose de fondamental du ministère sacerdotal : être au service. Il semble bien difficile de lui reprocher du cléricalisme. Voilà ce que le Seigneur nous a donné : un serviteur. Rendons grâce.

Le religieux missionnaire spiritain. J’aimerais citer ici la règle de vie des Pères spiritains, au n°4 : « notre charisme, c’est de porter la Bonne Nouvelle de l’Évangile de Jésus-Christ aux quatre coins du monde, et plus spécifiquement dans les milieux en difficulté sociale, dans les pays qui n’ont jamais ou peu entendu parler de Jésus-Christ ou encore dans des situations pour lesquelles l’Église trouve difficilement des ouvriers apostoliques. L’évangélisation des pauvres est notre but. » Quand on s’engage dans la vie religieuse, on demande au Seigneur de nous rendre pauvre, chaste et obéissant. Cet engagement fait de la vie du religieux une vie donnée, entièrement gratuite. On laisse tout : son pays, sa famille, ses biens, une carrière peut-être, plein de choses. Jean-Jacques a pris ce chemin de pauvreté, d’obéissance, d’abandon. Pour apporter l’Evangile là où il ne résonne pas beaucoup. Comme ici, dans ces quartiers. Proposer l’Evangile et soutenir ceux qui essayent d’être disciples de Jésus ici. Et porter cet engagement dans la prière, fidèlement. Et donner le témoignage d’une vie fraternelle. C’est ce que Jean-Jacques a voulu faire, au fil de ses missions : modestement, humblement, sans prétention. Voilà ce que le Seigneur nous a donné : un religieux, pauvre et obéissant. Rendons grâce.

Oui, si nous sommes tristes, notre foie t notre espérance sont nourris par l’Eucharistie que nous célébrons, avec et pour Jean-Jacques. Nourris par la Parole de Dieu, si forte. Nourris par le témoignage d’une vie accomplie, celle de Jean-Jacques. J’ose affirmer que si nous n’étions pas prêts à le perdre, lui était prêt. Prêt à rencontrer son Seigneur.

Merci Jean-Jacques. Merci grand frère, merci ya-ya. Merci YaKas. Merci Seigneur.

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne connaîtra ni corruption, ni souillure, ni flétrissure. »