Photos et homélie de l’ordination de Mgr Koen Vanhoutte | 02.09.2018

Bisschopswijding Koen Vanhoutte 02 september 2018

22e Dimanche, année B

Ordination épiscopale Mgr Koen Vanhoutte 02.09.18

Homélie du Cardinal De Kesel

Chers amis, dans la première lecture tirée du livre du Deutéronome, Dieu demande à son peuple de suivre rigoureusement ses lois et prescriptions qu’il lui a transmises par Moise.

Sinon, toute l’expérience qu’il a entamée avec eux n’aurait aucun sens ni aucun avenir. Ils ont quitté l’Egypte et leur situation d’esclavage. Ils ont pris le risque de la liberté. Maintenant, ils souhaitent partager leur vie sur une nouvelle terre.

Les lois dont il est question ne concernent pas uniquement les lois religieuses. Elles veulent dire ceci : qu’ils ne se traitent jamais les uns les autres comme ils ont été traités en Egypte. Et cela vaudra pour tous ceux qui habitent le pays, et en particulier ceux qui sont sans défense ou sans-droits. Et même pour ceux qui s’établiront comme étrangers dans le pays. Ne faites à personne ce que vous avez subi en Egypte.  Tu respecteras toute personne, tu l’estimeras et tu l’aimeras. Sinon l’alliance que tu as conclue avec Dieu n’a aucun sens. Tu pourras être aussi religieux que tu veux mais cela n’aura aucun sens.

Mais la loi peut aussi aller son propre chemin. C’est ce que nous nous découvrons dans l’évangile de Marc de ce dimanche. Jésus y est très pointu. Comme si l’observance formelle des lois religieuses était déjà en soi un acte religieux. Comme si pour Dieu l’important était la loi et non l’humanité de l’homme et la vie en société qui veut justement garantir la loi.

Nous le savons : une religion peut dérailler. Ces dernières semaines nous avons pu encore une fois constater avec peine et honte ce qui peut se cacher derrière de belles façades. Et combien subtils sont les mécanismes « C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains » (Mc 7,7). La loi de Dieu est une chose. Mais ce que la transmission humaine en fait, en est une autre.

La distinction est cruciale. Cruciale dans notre vie et dans la vie de l’Eglise. Discerner l’essentiel : qu’est-ce que Dieu attend de moi, de nous, et de son Eglise ? Ne pas agiter fièrement des commandements, mais discerner.  En particulier en ce moment. Et cela demande du temps. Il faut écouter d’abord la Parole de Dieu. Et l’écouter attentivement. Sentir l’intention de départ. Avoir une écoute priante. Et aussi s’écouter les uns les autres. Se concerter les uns les autres et entrer en dialogue en se donnant la main.

Cher Koen, il y a plus d’un an, nous avons enterré ici Monseigneur Lemmens. Il nous a quittés prématurément après une longue maladie. Nous faisons mémoire de lui aujourd’hui avec une grande reconnaissance et affection. Le pape François t’a désigné pour lui succéder. Dans quelques instants, lors de l’interrogatoire avant l’ordination, tu exprimeras ta fidélité et ton obéissance au successeur de Pierre. Nous mesurons tous à quel point il a besoin de notre respect et de notre soutien. Comme évêque, tu deviens mon collaborateur direct dans l’archéveché. Et tu deviens toi-même berger d’un grand Vicariat. Comme membre de la Conférence épiscopale tu auras un rôle important à jouer pour l’Eglise qui est en Flandre et pour l’Eglise de notre pays. Cela fait déjà deux mois que tu habites à Malines et tu sens déjà que tu es le bienvenu ici. C’est une grande responsabilité. Mais tu n’en es pas à tes débuts après toutes ces années passées dans le diocèse de Bruges où j’ai pu moi-même collaborer quelques années avec toi. Tu sais que beaucoup t’y apprécient et te sont reconnaissants. Ici aussi,  tu pourras compter sur beaucoup de personnes.

Je ne vais pas ici énumérer toutes les responsabilités d’un évêque. Je ne veux pas t’effrayer mais cela fait beaucoup de choses. Mais quand même ceci. J’ai mentionné déjà  l’importance du discernement dans l’explication des Ecritures.

Cela vaut aussi pour un évêque: comprendre les signes des temps et voir ce qu’il convient de faire. Dans notre société, beaucoup de personnes sont en recherche. Beaucoup se sentent étrangers dans la foi et dans  l’Eglise. Nous aussi, nous sommes des chercheurs: en recherche  de renouvellement, d’approfondissement et de ressourcement. Non pas le maintien de nos propres habitudes et traditions mais ce que Dieu attend de nous. Aider à cela, inspirer, présider: voilà ce qui sera ta mission. Aider les personnes à découvrir la Parole de Dieu comme une Parole de vie. Les aider à voir comment la vie peut devenir autre grâce à elle, plus profonde, plus intense, plus humaine. Et à quel point cela nous aide à nous respecter les uns les autres, quelles que soient nos différences ou nos convictions, à collaborer à la construction d’une société plus juste et plus humaine.

Mais comme évêque, tu auras aussi une responsabilité de gouvernement. Parfois plus que tu n’aimerais. Ici aussi le discernement est important. Des changements structurels s’imposent. Les infrastructures du passé ne correspondent plus aux besoins réels de l’Eglise d’aujourd’hui. Où mettre les priorités ? Ce sont des questions difficiles pour lesquelles il n’y a pas toujours de consensus. Alors, on a besoin d’une personne avec un regard clair et un bon jugement. Pas quelqu’un qui impose sa propre vision et son propre jugement. Justement quelqu’un qui comme Jésus le dit dans l’Evangile, ne réduit pas la volonté de Dieu à sa propre volonté. Et donc l’évêque est quelqu’un qui écoute, entre en dialogue et se concerte avec d’autres. C’est ainsi que l’on conduit l’Eglise vers l’unité. Parce que là aussi sera ta mission comme évêque, être serviteur de l’unité. Pas de n’importe quelle unité, mais l’unité qui trouve sa source dans la recherche ensemble et dans le discernement en commun sur ce que Dieu attend de nous à l’écoute de sa parole.  Sa parole qui n’est autre que le Christ lui-même. Il t’a appelé. Et tu l’annonceras. Autour de lui, tu feras communauté. Tu feras tout en son nom. Il est ta seule légitimité. Il est aussi la seule raison d’être de l’Eglise.

Le pape François t’a nommé quelques jours avant la Pentecôte. Le choix de ta devise épiscopale n’en était plus simple. Elle a surgi spontanément de ton cœur « Veni sancte Spiritus! »  Par l’imposition des mains et l’invocation du St Esprit, tu vas maintenant être ordonné éveque.  Cet Esprit demeurera ta force. Les dons les meilleurs viennent d’en Haut était-il dit dans la Lettre de st Jacques . Cela vaut sûrement pour l’Esprit, le plus grand don de Dieu. Veni sancte Spiritus devient notre prière commune: “Viens Esprit Saint, et allume en nous le feu de ton amour. »