20 Décembre | Liturgie domestique du quatrième dimanche de l’Avent B

QUATRIÈME DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE B

Lc 1,26-38

Témoignage de Luc

Dès le début, la mention du « sixième » (v.26, comme 36) peut être lue comme en lien évident à Elisabeth (dont la grossesse est restée cachée pendant cinq mois, selon le v.24) mais pourrait aussi être en référence symbolique au « 6e jour », celui de la création de l’homme à l’image de Dieu…

« L’ange Gabriel », la force de Dieu, (26, comme pour Zacharie au temple, 19), est ‘envoyé’ de Dieu (apo-stellô) à Marie. Il manifeste la ‘puissance’ de Dieu (dynamis, 35, a-dynatéô, 37) par un message de joie (chairô, 28), de grâce (charis, 28.30) et de confiance (mè phobou, ne crains pas, 30).

L’évangile de Luc présente Jésus dans les mêmes termes. Dès le début, Jésus est dit ‘envoyé’ par l’Esprit (4,18.43), dans sa ‘puissance’ (4,14.36), ‘joie’ pour tout le peuple (2,10), grandissant en ‘grâce’ et prononçant des paroles de grâce (2,40.52 ; 4,22), invitant à la confiance (5,10).
(N’est-ce pas un résumé de tout l’Evangile, Bonne Nouvelle ?)
< ‘Ne crains pas’ ou ‘ne craignez pas’, dans l’évangile de Luc, est adressé à Zacharie (1,13), aux bergers (2,10), à Simon (5,10), à Jaïre (8,50), aux disciples (12,5), au ‘petit troupeau’ (12,32).>

L’ange s’adresse à celle qui est vierge, non prise, et lui révèle : « Le Seigneur est avec toi. » Sans tout comprendre, en acceptant que le Seigneur soit avec elle, elle réalisera une prophétie : « concevoir et enfanter un fils » dont le nom ne sera pas seulement Emmanuel, la présence de Dieu (Dieu avec nous) (comme en Is 7,14), mais ‘Jésus’ (Dieu sauve) (31).
Ce fils de Marie (31) sera aussi appelé Fils du Très-Haut, de Dieu (32.35), tout en étant fils de David (32) et roi de la maison de Jacob (= Israël) (33) : Jésus est ainsi présenté non seulement dans sa dimension humaine d’un moment de l’histoire, mais aussi en rapport à Dieu, aux rois et aux patriarches, sans oublier que ce royaume n’aura pas de fin (33) ! Toute l’histoire est ainsi reprise : hier, aujourd’hui et demain, dans la présence de Dieu.

Comme Marie ne « connait » pas d’homme, n’en enferme pas, c’est l’Esprit, le Souffle Saint, qui pourra se manifester en elle (comme la nuée au désert, qui ne se laisse pas enfermer non plus et couvre de son ombre, épi-skiazô, comme en 9,34) et ce qui est engendré sera saint, appelé Fils de Dieu (35).

Par la Force de Dieu aussi, en Elisabeth se réalise le sens de son nom (Mon Dieu a promis), puisque celle qui était appelée ‘Stérile’ a conçu un fils. La Parole, la Promesse de Dieu se réalise donc et ce qui n’était d’abord pour Marie que logos et aspasmos (29), simple parole et salutation, devient Rhèma (38) : un événement, une parole-évènement, une parole de Dieu.
Luc emploie le même terme pour le message aux bergers (2,17), au vieillard Syméon (2,29) et à Jean Baptiste (3,2) et aussi pour la Parole forte de Jésus quand il appelle à l’engagement (Simon dit : « sur ta ‘Parole’ », 5,5), ou quand il n’est pas compris tout de suite (2,50 ; 9,45 ; 18,34 ; 24,8 ; Ac 11,16), une parole forte (20,26). Une seule fois au pluriel, 7,1, comme un résumé qui va introduire une action. D’ailleurs, le même mot rhèma désigne aussi un des événements parlants : 1,65 ; 2,15.19.51 ; Ac 5,32 ; 10,37. Ici, au v.37, la traduction « rien n’est impossible » englobe ‘aucun événement’ (ou peut-être ‘aucune parole créatrice’ ?)
L’annonce de l’ange sera confirmée lors de la rencontre avec Elisabeth qui débouchera sur la prière d’action de grâce de Marie…

Il est frappant de voir combien ce récit donne d’importance aux noms :
– « le nom » (onoma : 26.27.27.31), à propos de Nazareth, Joseph, Marie, Jésus ;
– « tu appelleras » et « il sera appelé » : « Jésus » – « fils du Très-Haut » (31.32)
– « il sera appelé » : « fils de Dieu » (35)
– Elisabeth « appelée » : ‘Stérile’ (36)

Christian Deduytschaever