Abus sexuels | Un appel à l’action de Tutela Minorum, la commission pontificale pour la protection des mineurs
Un appel à l’action à l’occasion du Consistoire pour la création de nouveaux cardinaux et de la 16ème assemblée générale ordinaire du Synode des Evêques
De la Commission | Des membres de la Commission
- La Commission appelle à la solidarité avec les victimes et les survivants à la lumière des révélations d’abus en cours
- La Commission appelle les dirigeants de l’Église à accroître leur engagement et leurs ressources pour promouvoir la sauvegarde partout
- La Commission demande que la sauvegarde soit considérée comme une priorité par le Synode sur la synodalité.
Solidarité avec ceux qui ont faim et soif de justice
En tant que Commission pontificale pour la protection des mineurs, nous exprimons notre profonde tristesse et notre solidarité inébranlable avant tout aux victimes et aux survivants de tant de crimes ignobles commis dans l’Église. Chaque jour semble apporter de nouvelles preuves d’abus, ainsi que de dissimulation et de mauvaise gestion de la part des responsables de l’Église dans le monde entier. Si certains cas font l’objet d’une couverture médiatique intense, d’autres sont à peine connus, voire pas du tout, laissant d’innombrables personnes souffrir en silence. Tous les abus impliquent l’angoisse et la douleur d’une terrible trahison, non seulement de la part de l’agresseur, mais aussi de la part d’une Église incapable ou même peu désireuse de faire face à la réalité de ses actes.
Nous entendons et sommes troublés par les rapports sur les actions des personnes occupant des postes à responsabilité au sein de l’Église, par les cris des personnes touchées, ainsi que par l’héritage des comportements atroces associés aux mouvements laïcs et autres et à tant de domaines de la vie institutionnelle de l’Église. Nous sommes profondément ébranlés par l’immense douleur, la souffrance durable et la re-victimisation vécues par tant de personnes, et nous condamnons sans équivoque les crimes et leur impunité perpétrés à l’encontre de tant de nos frères et sœurs. Nous réaffirmons notre engagement inébranlable à œuvrer pour que, dans la mesure du possible, ces actes odieux et répréhensibles soient éradiqués de l’Église.
Des cas récents, rendus publics, mettent en évidence des lacunes tragiquement préjudiciables dans les normes destinées à punir les auteurs d’abus et à retenir les victimes.
destinées à punir les auteurs d’abus et à tenir pour responsables ceux dont le devoir est de s’attaquer aux actes répréhensibles. Nous avons beaucoup tardé à remédier aux lacunes des procédures qui laissent les victimes blessées et dans l’ignorance tant pendant qu’après le jugement des affaires. Nous continuerons à étudier ce qui ne fonctionne pas et à faire pression pour que les changements nécessaires soient apportés afin que toutes les personnes touchées par ces crimes atroces aient accès à des services d’aide aux victimes.
de ces crimes atroces aient accès à la vérité, à la justice et à la réparation. Nous nous engageons également à utiliser notre rôle pour faire pression sur les autres responsables de l’Église chargés de traiter ces crimes afin qu’ils remplissent leur mission de manière efficace, qu’ils minimisent le risque de nouvelles transgressions et qu’ils garantissent un environnement respectueux pour tous.
Un appel à la conversion des responsables d’Eglise
Notre Commission a été créée peu après l’élection du Pape François en 2013. En harmonie avec le Conseil des cardinaux, la Commission a supervisé une série d’initiatives qui ont mis en lumière la réalité des abus sexuels et la nécessité de réformes solides pour faire face à la fois aux abus et à leur mauvaise gestion par les dirigeants de l’Église. Nous sommes actuellement en train d’aligner plus étroitement nos efforts sur ceux du Dicastère pour la doctrine de la foi et de toutes les parties de la Curie romaine dont le travail a un impact sur la sauvegarde dans le monde entier.
Toutefois, cinq ans après le sommet de 2019 sur la protection des mineurs, qui a rassemblé des responsables ecclésiastiques du monde entier, de profondes frustrations subsistent, en particulier parmi ceux qui cherchent à obtenir justice pour les torts qui leur ont été causés. Personne ne devrait avoir à mendier la justice dans l’Église. La résistance inacceptable qui persiste témoigne d’un scandaleux manque de détermination de la part de nombreux membres de l’Église, souvent aggravé par un grave manque de ressources. Le pape François a averti que les inégalités dans le monde ne devraient pas infecter l’Église.
Il ne peut y avoir de changement effectif dans ce domaine sans la conversion pastorale des dirigeants de l’Église. Alors que le Collège des Cardinaux se réunit en Consistoire, nous sommes encouragés par le rappel fréquent du Saint-Père à ceux qui sont appelés à ce rôle spécial que le sang qu’ils sont appelés à verser est le leur et non celui de ceux dont ils ont la charge. En tant que modèle d’abnégation courageuse, la création de nouveaux cardinaux est un moment propice à la réflexion, au repentir et au renouvellement de notre engagement inébranlable à protéger et à défendre les plus vulnérables, par tous les moyens possibles.
Nous appelons tous les membres du Sacré Collège à se souvenir des victimes et de leurs familles et à inclure dans leur serment de fidélité un engagement à rester inébranlables dans l’hommage rendu aux personnes touchées par les abus sexuels en s’unissant à elles dans la poursuite commune de la vérité et de la justice. Tous les évêques et supérieurs religieux devraient se faire l’écho de cet engagement.
Avec tous ceux qui sont épuisés par les abus et leurs conséquences, nous disons : « Assez !
Un appel catholique au changement
La prochaine 16e assemblée générale ordinaire du Synode des évêques constitue un moment important pour la poursuite de ces efforts. La réalité des abus sexuels dans notre Église est au cœur de l’ordre du jour du Synode. Elle concerne notre identité en tant que communauté de foi, fondée sur Jésus. Elle imprègne les discussions sur les modèles de leadership, les rôles ministériels, les normes de comportement professionnel et les relations justes que nous entretenons les uns avec les autres et avec toute la création.
Nous demandons que les abus sexuels dans l’Église imprègnent vos discussions sur l’enseignement, le ministère, la formation et la gouvernance. En tant que communauté de réconciliés, le culte sacré de l’Église devrait également inclure et exprimer de manière adéquate cette défaillance la plus intime de l’Église. Bien que cette série de questions puisse parfois sembler décourageante, nous vous demandons de relever le défi afin que vous puissiez aborder, de manière globale, la menace que représentent les abus sexuels pour la crédibilité de l’Église dans l’annonce de l’Évangile.
Nous vous demandons instamment de consacrer du temps et de l’espace à l’intégration du témoignage des victimes/survivants dans votre travail. En effet, de nombreux participants au Synode, si ce n’est tous, ont leur propre expérience de la confrontation ou de la gestion des abus sexuels dans l’Église, qui pourrait devenir une partie explicite de vos délibérations.
Nous vous demandons instamment d’œuvrer pour qu’un jour tous les ministères de l’Église deviennent des lieux d’accueil, d’empathie et de réconciliation pour les personnes touchées par les abus. Joignez-vous à ceux qui s’insurgent contre la complaisance endémique de ceux qui, dans l’Église et la société, font taire ces témoignages, minimisent leur importance et étouffent l’espoir d’un renouveau.
Nous vous demandons instamment d’œuvrer pour qu’un jour notre Église prenne la pleine mesure et la pleine responsabilité des torts causés à tant de personnes dont elle a la charge.
Nous vous demandons instamment d’œuvrer pour qu’un jour tous les enfants soient protégés par des politiques et des procédures de sécurité appropriées, connues et vérifiées.
Nous vous demandons instamment d’œuvrer pour le jour où des systèmes transparents et accessibles de réparation des fautes commises par les ministres de l’Église fonctionneront conformément à des normes acceptables.
Nous vous demandons instamment d’œuvrer pour le jour où tous les membres de notre Église comprendront et assumeront la responsabilité d’une protection solide dans les diocèses, les paroisses, les écoles, les hôpitaux, les centres de retraite, les maisons de formation et tous les autres lieux où l’Église est présente et active.
Ce jour n’est pas encore arrivé. Et pour beaucoup, il semble bien loin.
Nous faisons nôtre le message que nous a transmis le pape François lors de notre dernière audience. Il a dit :
[Lorsqu’un préjudice a été causé à la vie des gens, nous sommes appelés à garder à l’esprit la puissance créatrice de Dieu pour faire émerger l’espoir du désespoir et la vie de la mort. Le terrible sentiment de perte que beaucoup éprouvent à la suite d’un abus peut parfois sembler un fardeau trop lourd à porter. Les responsables de l’Église, qui partagent un sentiment de honte pour leur inaction, ont perdu leur crédibilité, et notre capacité même à prêcher l’Évangile a été mise à mal. Pourtant, le Seigneur, qui apporte une nouvelle naissance à chaque époque, peut redonner vie à des ossements desséchés (cf. Ez 37,6). Même si le chemin est difficile et exigeant, je vous exhorte à ne pas vous enliser ; continuez à tendre la main, à essayer d’inspirer confiance à ceux que vous rencontrez et qui partagent avec vous cette cause commune. Ne vous découragez pas lorsqu’il semble que peu de choses changent pour le mieux, persévérez et continuez à avancer ! (accentuation ajoutée)
Nous vous exhortons à travailler à la réalisation de ces objectifs attendus depuis longtemps, non seulement pendant un ou deux jours au cours de votre rassemblement, mais aussi tout au long du processus synodal. Leur réalisation sera un signe singulier du succès du Synode, un signe que nous marchons avec les blessés et les oubliés en tant que disciples de l’unique Seigneur, à la recherche d’un meilleur chemin.
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