Des visages marqués par le traumatisme, des maisons vides ou à moitié démolies, une odeur persistante de moisi, des habitations sans chauffage alors que l’hiver est là, des gens dont le toit a été emporté par les flots… Mais également des visages qui s’ouvrent à qui sait écouter, des cœurs reconnaissants pour ceux qui viennent aider, des regards fraternels pour des frères et sœurs en humanité.
À voir l’étendue du désastre et de la détresse dans les régions dévastées par les pluies torrentielles de juillet dernier, on pourrait désespérer, critiquer vivement les politiciens ou simplement attendre que les assurances règlent tout. Mais une autre option s’offre également à nous : se retrousser les manches et répondre à l’invitation de Jésus qui là-bas attend, a faim, a froid, souffre et risque d’être oublié (Mt 25, 33-36). C’est le choix qu’ont fait et font encore des centaines de personnes, comme Josée, Johan, Fred, Grazia, Bernadette, Astrid ou Jos du mouvement des Focolari.
De Rotselaar à Liège …
Josée, de Rotselaar, raconte : « Quand à la mi-juillet le soleil resplendissait sur mon village, j’ai ressenti un grand vide en moi. Ici tout allait bien, les gens se retrouvaient sur les terrasses des cafés, tandis qu’à une heure de route seulement, c’était l’apocalypse. J’ai téléphoné à une amie sinistrée, et je n’avais qu’un seul souhait, partir au plus vite là-bas. Mais que pouvais-je faire, moi toute seule ? J’en ai parlé à Johan, qui travaille avec moi, et via les réseaux sociaux, avec l’aide des membres de la cité-pilote des Focolari, nous avons rapidement mis une action en place : le soir même, un feuillet a été distribué dans 400 maisons du quartier, et des mails ont été envoyés à toutes nos connaissances. Lorsque j’ai vu le premier voisin arriver avec un petit chariot sur lequel il avait placé 12 litres de lait et du papier toilette, j’ai su que quelque chose de nouveau et de beau était en train de naître. »
Rapidement, le garage de la grande maison de Josée se transforme en entrepôt : nourriture, produits de nettoyage, petits réchauds, plaques de cuisson et réfrigérateurs y prennent place. L’argent versé sert à acheter ce qui manque, et des commerçants locaux y mettent du leur : un magasin d’électro-ménagers offre une machine à laver et un chauffe-biberon ; une boutique de literie fait don de matelas avec de légers défauts de fabrication. Avec Fred, Grazia, Johan et les autres, à bord d’une camionnette prêtée, Josée se rend plusieurs fois dans la région liégeoise pour apporter les biens récoltés et prendre contact avec les sinistrés.
« Je me souviens de cet homme qui vivait avec sa famille dans une pièce vide et sale où les champignons envahissaient les murs encore humides. Il n’y avait plus qu’une seule prise électrique qui fonctionnait, mais il se réjouissait d’avoir encore au moins celle-là pour brancher le réfrigérateur que nous venions d’apporter » explique encore Josée.
… en passant par le Limbourg
D’autres initiatives sont parties du Limbourg. Jos (de Pelt) explique qu’elle a relayé à sa communauté locale les besoins exprimés par le groupe de Rotselaar. « Avec des résultats immédiats. Puis d’autres personnes ont été approchées et un nouveau stock a suivi. En réalité, beaucoup sont heureux de partager. Une partie venait de leur surplus, une autre était flambant neuve : des mixers, machines à café. Et même des micro-ondes et des frigos. Nous avons tout vérifié nous-mêmes et tout acheminé en de nombreux trajets, dès qu’une voiture se libérait. De très beaux contacts sont nés, et même si cette aide demande de sortir de sa zone de confort, cela donne une joie et une énergie intérieures énormes. »
Des miracles sur mesure
Ce qui a surtout frappé Johan et les autres, c’est le nombre de fois où un besoin précis était réglé de manière tout aussi précise. « L’autre jour, nous venions d’acheter des batteries de casseroles pour deux familles, pour un total de 249,73€. Presque en même temps, deux dons nous arrivaient : 50, puis 200€. C’est vraiment impressionnant de voir comment Dieu travaille ! » Et les « miracles » de ce genre ne se comptent plus, qu’il s’agisse d’une machine à laver qui arrive pile au moment où le besoin est exprimé ou d’un don de vêtements chauds à la veille d’un voyage scolaire à la mer.
Mais si on veut travailler sur mesure, il faut aussi être capable de souplesse et d’adaptation. Fin novembre, un salon de coiffure gratuit (mais sur rendez-vous) s’organise dans la salle communale qui sert de centre de distribution. Bernadette coupe les cheveux et Josée fait le brushing. Les deux premiers clients sont de jeunes hommes qui dorment dans leur voiture depuis que les flots ont dévasté leur demeure. Puis cinq dames d’origines variées. A 18.00 h, alors que tout a déjà été rangé, un monsieur qui avait raté son rendez-vous se présente. Depuis un an, il n’a plus eu l’occasion d’aller chez le coiffeur… Le temps d’échanger un regard, c’est clair, c’est Jésus qui demande de lui faire ce cadeau pour Noël. Les deux « coiffeuses » en herbe ressortent leurs ustensiles et recommencent. Ce monsieur, comme chacun des « clients », rayonne de bonheur. Il est de nouveau présentable !
Un peu de fraternité qui change la vie
Johan se souvient encore de Georges, un homme âgé qui, malgré ses difficultés de mobilité, est forcé de vivre au premier étage, l’eau ayant rendu le rez-de-chaussée de sa maison impraticable. Quand on lui demande de quelle manière on peut l’aider, il répond : « Ce dont j’ai besoin, c’est une plaque électrique pour cuisiner, mais avant tout … une énorme dose de courage ! » Puis il sort un papier de sa poche sur lequel il a écrit : « A toi qui, d’une manière ou d’une autre, as donné de ton temps ou de ton écoute, afin de me relever lorsque j’avais un genou à terre, je dis un immense merci. Dans la détresse morale où je me trouve bien malgré moi, ayant perdu tous les repères de mon existence et face à une situation qui me dépasse, je me force, avec le soutien que j’ai eu, à donner un rêve à cette tranche de vie particulièrement brisée. […] J’ai pu constater qu’au cœur de cette tourmente climatique, il existait encore de belles âmes et je suis heureux d’être entouré de ces personnes qui savent toucher le cœur de leurs prochains en s’adressant à toute la dimension de leur humanité. Je ne sais pas où va mon chemin, mais je marche mieux quand ma main serre la tienne ».
Main dans la main, nous sommes tous plus forts.
© texte: Josée, Johan, Fred et Grazia, Bernadette, Astrid, Jos
© photos: les Focolari
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BE 027360 6722 8340, ENS, Olivierstraat 97, 3110 Rotselaar avec l’indication « Aide inondations ».
Info : jost.marie-josee@telenet.be