Le Christ s’est arrêté à Bruxelles | Premiers échos et photos de la session de formation des 24 et 25/01/2018

Photos ci-dessous
Ces mercredi et jeudi 24 et 25 janvier 2018 a eu lieu la première session de formation à l’attention de l’ensemble des personnes nommées en pastorale francophone à Bruxelles. Membres de congrégations religieuses, animateurs et animatrices en pastorale, responsables d’UP et bien d’autres nommés ont rejoint l’espace Jacqmotte pour deux jours consacrés à la ville. Celle qui accueille le pire comme le meilleur, qui nous offre des rencontres par centaines et nous interpelle par la pluralité de ses urgences. Où percevoir l’empreinte d’un Christ itinérant au sein de notre cité ? Comment comprendre cette petite ville pourtant si bigarrée ? Pendant deux jours, professeurs d’université, agents pastoraux, poètes ou encore prêtres bien ancrés nous ont donné à voir les multiples facettes d’une urbanité à habiter.

La première journée de cette session a donné l’occasion à Mgr Kockerols de nous rappeler que l’assemblée était à l’image de la ville elle-même, composée d’une large majorité de personnes venues d’ailleurs, aux horizons culturels fort différents. Dans son introduction, l’évêque auxiliaire pour Bruxelles nous a également invités à entreprendre la session située entre les fêtes de saint François de Sales et saint Paul : deux hommes de leur époque, inscrits dans leur culture et dont l’action s’enracinait dans une vie spirituelle féconde. Les abbés Benoît Hauzeur et Claude LIchtert  ont de leur côté mis en lumière les enjeux d’une rencontre qui prend son temps, située dans les élans de la théologie de la ville de Joseph Comblain.

Babel, Babylone, Corinthe, Jérusalem

Régis Burnet a été le premier a posé les jalons théologiques de la réflexion générale. Comment aider le Christ à arpenter les rues de la cité ? Quelles représentations de la ville la Bible offre-t-elle ? Hormis celles d’une prostituée que l’on aime autant qu’on la tient à distance ? Avec le sens pédagogique qu’on lui connaît, il nous a d’abord emmenés à Babel, lieu d’une construction d’apparence cohérente, mais siège d’une certaine forme de totalitarisme. Dieu n’aime ni l’uniformité, ni les entreprises qui se bâtissent pour elles-mêmes… Aussi introduit-Il la diversité, l’échange, l’ouverture, et renvoie les hommes à leurs pairs plutôt que de les encourager à frôler les Cieux. Babel devient ainsi un modèle-repoussoir, qui nous invite à nous méfier du trop-plein d’organisation. A Babel, ce sont les nouvelles idoles qui sont montrées du doigt par l’Ecriture : la richesse, la suffisance, la puissance fragile. Ce qui a peut-être conduit les chrétiens à être un peu urbanophobes, et à préférer aux enjeux et défis de la ville à l’imagerie d’une foi quelque peu chartreuse… Nous voici à Corinthe, ville qui ‘invente’ les chrétiens, et qui révèle l’assemblée comme lieu où les divisions sont les plus scandaleuses, mais où elles se doivent d’être les mieux accueillies. Une ville dans laquelle le repas du Seigneur ne se conçoit pas sans communauté, dans laquelle les divisions, les schismes tendent à devenir condamnations, hérésies, si nous n’y consacrons pas notre attention et notre énergie… Une ville ouvre le récit biblique, une autre le clôture : Jérusalem. Une ville aux dimensions symboliques, à la taille du monde. Une ville aux portes toujours ouvertes, aux fondations patriarches. Une ville-peuple, dans laquelle le temple n’est plus constitué de briques babeliennes, mais d’hommes et de femmes véhicules de Dieu lui-même. Une ville par-delà la ville, qui nous invite à porter en nous et autour de nous les dimensions d’une cité qui se conçoit bien plus largement qu’en ses murs.

Bruxelles par les pieds, Bruxelles sur la langue

L’abbé Luc Roussel est fin connoisseur des secrets des remparts. Et c’est en sa compagnie que nous avons traversé les siècles pour découvrir les principales étapes de la construction de la ville. Une ville schizophrène, partagées entre collines et marécages, pouvoirs temporel et spirituel, commerçants populaires et castes bourgeoises. Une ville en perpétuelle mutation paysagère, linguistique ou encore politique.
Une ville se visite à pieds, et par dans les transports en commun. C’est le constat du poète-arpenteur Lucien Noullez qui, le temps d’un échange avec son homologue Thierry-Pierre Clément, nous a emmenés au rythme de ses chroniques à la rencontre de ses anonymes croisés au détour d’une rue, le temps d’une accolade ou d’une messe. Au fil de ses pérégrinations, un Evangile qui ne dit pas son nom, un Dieu qui se laisse découvrir et qui, parfois, nous invite juste à nous taire.

Une journée qui a pu délier les langues, réquisitionnées pour un atelier pour le moins original. Affaire à suivre…

GP   

24-25/01/2018 | Le Christ s'est arrêté à Bruxelles