Décès et funérailles du Grand-Duc Jean de Luxembourg

Le 23 avril dernier, le Grand-Duc Jean, ancien chef de l’État, est décédé à l’âge de 98 ans des suites d’une infection pulmonaire. Il fut le huitième grand-duc de Luxembourg de 1964 à 2000 pour un règne de 36 ans sur ce petit état du centre de l’Europe. Prince héritier durant la Seconde Guerre Mondiale, ce grand homme participa également à de nombreuses batailles, ainsi qu’à la libération de son pays aux côtés des alliés.

Le Grand-Duc Henri avait adressé à la presse un message pour annoncer la mort de son père: « C’est avec grande tristesse que je vous fais part du décès de mon père bien-aimé, Son Altesse Royale le Grand-Duc Jean, qui nous a quittés dans la paix, entouré de l’affection de sa famille. »

Célébrées le samedi 4 mai à 11h15 dans la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg, ses funérailles ont rassemblés de nombreux luxembourgeois ainsi que de nombreuses personnalités, venus lui dire adieu et lui rendre hommage. Plusieurs membres de la famille royale belge étaient notamment présents : le roi Albert et la reine Paola, le roi Philippe et la reine Mathilde, le prince Laurent, la princesse Astrid et le prince Lorenz, la princesse Léa ainsi que la princesse héritière Elisabeth.

Les obsèques furent présidées par Monseigneur Jean-Claude Hollerich, Archevêque de Luxembourg, qui prononça une belle homélie en la mémoire du Grand Duc.

 

L’homélie de l’Archevêque :

« Notre Grand-Duc Jean était un homme d’une ‘caritas discreta’, d’une charité, d’un amour discret.

Son premier grand amour était pour notre patrie. Ensemble avec la Grande- Duchesse Charlotte et toute sa famille, il a dû fuir notre cher petit pays au moment de l’invasion nazie. L’amour est créatif, S.A.R. s’est engagé dans les Irish Guards pour défendre la liberté de Luxembourg. L’amour est engagé. Cet amour pour le Luxembourg et pour tous les Luxembourgeois a continué d’être vécu après son ascension au trône, de manière discrète, sans clameur et sans sentimentalisme. Le Grand-Duc Jean a aimé Luxembourg et après sa mort … nous l’avons bien vu … les Luxembourgeois aiment le Grand-Duc Jean.

Cet amour du Grand-Duc pour son pays, son sens de responsabilité et de devoir, a ses sources dans sa vie familiale, lieu privilégié de l’amour pour chacun de nous. Son amour pour ses parents, ses souvenirs d’enfance en sont un clair indicateur, son amour pour son épouse, la regrettée Grande-Duchesse Joséphine- Charlotte, son amour pour ses enfants, leurs conjointes et conjoints, son amour pour ses petits-enfants, pour toute sa descendance … nous nous inclinons comme citoyens luxembourgeois devant cet homme de famille, car nous le savons bien, c’est bien là la source de l’amour qu’il avait pour notre pays.

Le Grand-Duc Jean aimait aussi la vie, la nature, son jardin et il a vu la nature avec l’œil amoureux d’un artiste. Sa jovialité va nous manquer. Il nous a montré que la vie est belle malgré tous les malheurs qui pourraient s’abattre.

L’amour du Grand-Duc Jean pour la réalité était ancré dans son amour de Dieu

… un amour discret, sans fanatisme et sans ostentation, mais bien réel.

Sa mort serait un moment d’une tristesse radicale pour nous si nous n’avions pas la consolation de notre foi pour une vie sans fin, sans limites après notre mort. Le Grand-Duc Jean est parti, nous avons la ferme foi que nous allons le suivre. Quand nous parlons du ciel nous parlons en images pour dire l’indicible … et, développant cette image du ciel, je m’imagine une partie de ce ciel réservée à tous les luxembourgeois, présidée par les membres de notre dynastie régnante, un petit paradis luxembourgeois en communion avec l’universalité de Dieu et l’universalité de l’humanité. Certes … une image seulement, mais une image qui exprime toute notre affection pour le Grand-Duc Jean, et pour notre chère famille grand-ducale.

In the first reading we find a different image for heaven. Heaven is not a place above the clouds in this text, but a mountain where we are invited to a meal. It is a beautiful image, because in our family life, in the life with our friends, common meals are important. They are a symbol that we share life, a life full of colours, a life full of taste. In all the big events of our life, meals are present and they are sometimes a moment of togetherness, even of distraction after funerals. We also know about the sadness of these funeral meals, because the shadow of death is always present … this shadow of death that the whole nation of Luxembourg is feeling at the moment of the funeral of our beloved Grand Duke Jean. The promise of this eschatological meal at the mountain in the vision of the prophet in the first reading is that the shadow of death, that the shadow of sadness, which in our human condition is always present, will completely vanish … it is a text which gives expression to the fundamental hope underlying each human life.

We celebrate mass for our beloved Grand Duke Jean … in fact a meal … a prophetic sign for the life to come.

Och d’Evangelium hëlt eis mat op e Bierg. D’Biergpriedegt … e Juwel an der Literatur vun der Mënschheet. A loosst mech haut déi Séilegpreisungen interpretéieren als déi Begéinung vu Christus mat eis no eisem Doud. Säi Bléck rout op eis an Hie gesäit eis duerch an duerch … net mat engem Bléck vun engem strenge Riichter, mee mat engem Bléck voller Léift … e Bléck, deen duerch eist Liewe geet, e Bléck, dee ganz perséinlech ass an eist ganzt Liewen ëmfänkt an opfänkt. An dat, wat an eisem Liewe schéi war, dat, wourënner mer an eisem Liewe gelidden hunn, gëtt duerch dëse Bléck verwandelt, a Séilegkeet, a Gléck ouni Enn an ouni Limit. De Grand-Duc Jean erlieft elo dëse Bléck vu Christus an hien héiert, wéi hie gesot kritt, Séileg bass Du, well op dësem Bierg ass hien zesumme mat sengen Elteren, senge Geschwëster, mat all deene Lëtzebuerger, déi am Krich hiert Liewe fir eis Heemecht, eis Fräiheet ginn hunn … Séileg sidd Dir …

Mir mussen nach op dëse Bierg eropklammen, awer heinidden hu mir schonn deen Trouscht vum Herrgott, dee méi ass ewéi en Ewegdrécke vun Tréinen, en Trouscht, dee sech an Hoffnung verwandelt, en Trouscht, dee sech a Léift an an Engagement an dësem Liewe verwandelt.

A vun ënne getréischt mat dësem Trouscht vum Herrgott kënne mir op de Bierg eropkucken an zum Grand-Duc Jean soen …

Altesse Royale, Dir waart frou mat eis an eisem Land,

mir soen Iech duerfir Merci vu ganzem Häerz, a soen Iech: Monseigneur, mir hunn Iech gär.

Amen. »