Dimanche des vocations: 60 ans après son ordination, un prêtre témoigne
Bientôt 60 ans de prêtrise ! Un court et un long chemin à la fois, « la vie ! », résume avec le sourire l’abbé Edouard Van de Velde à deux mois de la date anniversaire.
Ordonné le 8 juillet 1962 après 6 ans de formation au séminaire, il fait partie de cette première promotion après la scission du diocèse en deux : 31 prêtres relevaient désormais de celui d’Anvers et les 31 autres de celui de Malines-Bruxelles. Pour assurer le bilinguisme, la semaine était divisée en deux : du lundi au mercredi, on parlait Flamand et du jeudi au samedi, on parlait Français. Dès 1963, les élèves de cette promotion ont pris le pli de nous retrouver tous les ans le 2ème vendredi d’octobre. Ils se retrouvent invariablement donc au fil des ans pour partager un repas ensemble, ceux qui sont toujours prêtres et ceux qui ont quitté pour se marier et qui viennent avec leurs épouses. Du haut de ses 85 ans, l’abbé Van de Velde est aujourd’hui l’un des deux seuls survivants francophones du groupe avec mgr Gryson.
Comment naît une vocation ?
Il est le second d’une famille de 5 enfants ; sa maman issue des cantons de l’Est, avait signifié à son fiancé que s’il voulait l’épouser, il devait accepter de participer à l’eucharistie dominicale, condition sine qua non à l’acceptation de ses parents. C’est ainsi que le papa d’Edouard issu d’une famille non-pratiquante fait ses premiers pas par amour dans la communauté paroissiale et y trouve une force qu’il estime importante de transmettre à ses enfants.
Le jeune Edouard a presque 12 ans quant au cours d’une adoration un dimanche après-midi lors d’une mission paroissiale, perçoit l’appel à devenir prêtre. Durant ses six années de collège, sa détermination croît, et, il va tous les matins à 7h à la messe avant d’aller en cours. Il entre au séminaire. A l’issue de ces deux années de philosophie, Edouard achète ses premières soutanes, ce qui ravive la réprobation de son père qui s’enferme dans un certain mutisme. Mais lorsque la fin des études approche, son attitude se mue en une fierté certaine de la part de ce dernier.
Edouard Van de Velde est donc ordonné le 8 juillet 1962 à quelques mois du 11 octobre 1962, date d’ouverture du concile Vatican II par le pape Jean XXIII. La société belge ne fait pas exception aux bouillonnements que rencontrent toute l’Europe et qui impactent la vie de l’Eglise également.
Son parcours pastoral
Il devient vicaire à ND-de-l’Assomption à Anderlecht assumant rapidement le rôle du curé car ce dernier est souffrant. Il y reste 5 ans jusqu’en juillet 1967 et noue des liens d’amitié avec la population initiale des maraîchers flamands du Moortebeek et les nouveaux arrivants francophones. Avec le curé, se développe une vie intense de prière à deux dans l’église avant chaque célébration.
Il poursuit ensuite 4 ans sa mission de vicaire à St-Rémi à Molenbeek. La commune est alors un quartier d’immigration espagnole et italienne qui voit arriver ses premiers habitants d’Afrique du Nord.
De juillet 1967 à 1971, il passe 6 ans à Jette tout d’abord sans rattachement paroissial puis comme desservant à St-Joseph ; l’entente y était fantastique si bien que le sentiment communautaire y est très fort ; ce sont de très belles année qui se passent en collaboration avec le père Henri Solet et le père Paul Willems. Un partage harmonieux des tâches et des jours est mis en place, ce qui assure un bon fonctionnement de la paroisse, avec ce qui préfigure en esprit les futures unités pastorales, ajoute en souriant l’abbé Van de Velde. Il y découvre l’accompagnement des mourants.
Le 31 janvier 1977, il quitte Bruxelles pour rejoindre la communauté naissante des Frères de Bethléem dans l’Isère pour faire l’expérience de la vie monastique en solitude. Il avait été fortement impressionné par la spiritualité et l’exemple les Sœurs de Bethléem qu’il avait côtoyées. Du haut de ses 40 ans, il est un des doyens. Mais en juillet 1979, l’expérience tourne court pour de multiples facteurs et il prend la décision de reprendre sa place de prêtre diocésain à Bruxelles. Le 29 septembre, à la célébration de l’eucharistie du millénaire de Bruxelles, le cardinal Suenens lui dit toute sa joie de le savoir à nouveau dans le diocèse, ce qui le touche énormément.
Il devient alors aumônier de l’Institut Albert 1er et Reine Elizabeth le 4 octobre 1979 ainsi que celui de la clinique Malibran en 1981.il se rappelle alors les paroles du curé de Lignéville « Si tu veux être un bon prêtre, sois bon avec les malades et les mourants », qui joignait les gestes à la parole. Le témoignage vivant de dévouement auprès des mourants de sa famille avait fortement impressionné le jeune Edouard. Le jeune prêtre qu’il est devenu, accompagne désormais 150 à 200 décès par an. Parallèlement, il vient renforcer les rangs des confesseurs à ND-du-Finistère dont il fait toujours partie.
Le 4 novembre 1979, il devient curé de la paroisse Saint Hubert à Boitsfort et responsable de la pastorale francophone à ND-Reine-des-Cieux où il prend soin de la communauté pendant 10 ans jusqu’en septembre 1989. Il consacre 8 à 10 heures par semaine à la rédaction des homélies du weekend qui se doivent d’être construites et inspirantes, nourries de références autant qu’enracinées dans les textes du jour. Ce sont aussi des années où il accompagne ses parents vieillissants et malades ayant la grâce de savoir les voir tous les jours alors qu’ils sont tous deux en fin de vie.
Retraité à partir du 1er mars 2007, il continue à rendre service à ND-du-Finistère dans l’équipe des confesseurs. Il va aussi régulièrement à la clinique Sainte-Elisabeth à Uccle pour célébrer l’eucharistie dominicale ou donner un coup de main à l’équipe pastorale, essentiellement pour le sacrement de l’onction des malades. Il reste disponible pour les célébrations dominicales à l’unité pastorale des Cerisiers, et, célèbre trois fois par semaine chez les Religieuses de l’Assomption. Depuis 1985, il est également chapelain de l’Ordre de Malte. Il y assure entre autres, une célébration eucharistique mensuelle et participe aux activités de l’Ordre. Il rentre ainsi de Lourdes où il a animé le pèlerinage international de l’Ordre. Il avoue une dilection pour le sacrement des malades qu’il pratique avec douceur et bienveillance. Quand on l’interroge sur le secret de maintenir tous ces engagements à 85 ans, il reprend les paroles du Christ à Sainte Catherine de Sienne : « Fais-toi capacité, je me ferai torrent ! » Dont acte.