Echos | Homélie de Mgr Luc Terlinden lors de la Veillée pascale

Echos | Homélie de Mgr Luc Terlinden lors de la Veillée pascale

L’évangéliste Marc prend soin des détails. Il précise ainsi que les femmes ont été acheter les parfums pour aller embaumer le corps de Jésus après le Sabbat, c’est-à-dire le samedi soir. C’est pour lui une manière de souligner que, à ce moment-là, la nuit est tombée. Nous sommes du côté des ténèbres et de la mort.
Dans les ténèbres de la nuit, nous venons également de nous avancer dans cette cathédrale à la lumière du cierge de Pâques, comme les femmes qui se rendaient au tombeau le dimanche matin au lever du soleil. Leurs pensées étaient pourtant encore du côté de la nuit et de la mort : elles prennent ainsi les parfums avec elle pour l’embaumement rituel du corps de Jésus ; elles se soucient de la pierre à rouler pour accéder au tombeau…
Toutefois, le soleil levant de ce dimanche, premier jour de la semaine, annonce non seulement un jour nouveau mais aussi quelque chose de tout à fait neuf, une nouvelle création, comme lorsque Dieu sépara la lumière des ténèbres dans la Genèse. Car si les femmes vont chercher Jésus au tombeau, du côté des ténèbres et de la mort, il n’y est plus ! La pierre est roulée et l’endroit où il avait été déposé est vide. Mais il y a ce jeune homme vêtu de blanc, qui invite à la confiance et à la foi : « Ne soyez pas effrayées ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié. Il est ressuscité ». N’ayez pas peur, ne restez pas du côté de la nuit et de la mort. Ayez foi et confiance. Jésus n’est plus au tombeau, il est vivant !
Dans les ténèbres et la douleur de la mort qui peuvent aussi nous frapper, la voix de ce jeune homme nous invite nous aussi, en cette nuit de Pâques, à la confiance, la foi et l’espérance. Comme pour vous, les adultes qui serez baptisés dans quelques instants et qui revêtirez le vêtement blanc, signe de votre nouvelle naissance avec la Christ sorti vivant du tombeau.
Oui, votre baptême est nouveau départ, une nouvelle naissance. Mais aussi un envoi, une mission. Comme le jeune homme vêtu de blanc invite, à travers le ministère de ces femmes, Pierre et les disciples à retourner en Galilée. Il s’agit pour eux de retourner dans le quotidien de leurs vies. C’est là que Jésus les attend. Pour y mettre lumière, confiance, foi et espérance. Comme Jésus nous rejoint et nous attend aussi dans le quotidien de nos vies et nos Galilée à nous.
Notre monde connait aussi les ténèbres et les douleurs, là où guerres, violences, désastres humanitaires frappent tant de femmes, d’hommes et d’enfants. Comment ne pas penser, en cette nuit, aux drames qui se jouent en Ukraine, à Gaza et en Israël, à l’Est du Congo et beaucoup d’autres lieux oubliés ? Mais la lumière de Pâques vient réveiller nos consciences et nous sortir de nos peurs. Car nous ne sommes pas impuissants. Déjà, là où nous sommes, nous pouvons construire la paix en travaillant à la justice sociale, à bâtir des ponts entre les peuples et les cultures, à refuser de nous laisser conduire par nos peurs et nos angoisses mais oser la rencontre et le dialogue.
Les baptisés de la nuit de Pâques, vêtus de blanc, sont aussi pour nous ces messagers qui nous invitent à l’espérance et l’engagement pour ne pas rester du côté des ténèbres et de la mort mais nous placer résolument du côté de la vie et de la paix. Cette paix est aussi le premier don que Jésus ressuscité fera à ses disciples lorsqu’il viendra à leur rencontre.
« La paix soit avec vous ! » : c’est aussi le vœu que, de tout cœur, je formule pour vous et pour notre monde en cette fête de Pâques !
+Luc Terlinden
Archevêque Malines-Bruxelles