Être visiteur | Témoignage de Claire

Rencontre avec Claire, 39 ans, cadre dans une entreprise internationale.

Claire, alors que ton travail dans une grande entreprise internationale te sollicite beaucoup, tu visites des personnes âgées ou malades sur ta paroisse. Comment cette idée est-elle venue ? Qu’est-ce que cela t’apporte ou te fait vivre ?

Enfant, j’ai eu la chance de grandir entourée de mes grands-parents. Ils m’ont appris la gratuité de l’amour inconditionnel, la patience tout comme de nombreuses choses comme la couture, la cuisine, le bricolage, la lecture ou bien encore à rêver !

Bref, ils n’étaient jamais très loin ! Avec l’âge, ils m’ont appris la souffrance du corps, l’appauvrissement des facultés mentales, physiques, la grande fragilité et pour finir la mort.

Pudiques, ils n’ont jamais étalé leurs difficultés, mais simplement savaient oser dire ce dont ils avaient le plus besoin : que je vienne les voir !

Pourquoi ? Pour quoi ? Pour égayer leur journée, leur semaine, pour nourrir leur attente et leur permettre encore de donner tout ce qu’ils pouvaient donner : de l’amour, des conseils pleins de bienveillance quand je leur parlais de mon boulot, de mes choix, de ma vie alors même que certains n’étaient pas compréhensibles pour eux, mais aussi pour me demander tel ou tel service.

Mes grands-parents sont décédés, l’un après l’autre laissant en moi beaucoup de joie et de gratitude pour leur vie, mais aussi le coeur ouvert à cette souffrance de la solitude.

Installée à Bruxelles depuis peu, j’ai rencontré à la paroisse Philippe et Marie-Louise, chacun ayant plus de 80 ans. Au coeur de l’hiver, à la fin de la messe, Philippe me demande si je peux le raccompagner car il se sent fébrile, Marie-Louise étant déjà malade alitée.

Arrivés chez eux, je lui propose de vérifier s’ils ont suffisamment à manger. Je vois quelques légumes et propose de faire rapidement une soupe pour plusieurs jours. Philippe accepte, gêné de m’avouer qu’il ne savait pas cuisiner.

Le temps que ça cuise, nous discutons de leurs enfants et petits-enfants, des visites qu’ils n’ont pas.

Et cette solitude qui revient me percer le cœur. Cela me parle de la solitude du Christ, dans sa mission, au jardin des oliviers, sur la croix ! Et de la grande solitude face à la mort.

Une fois sur pied, ils m’ont invitée pour un déjeuner un dimanche midi et nous avons fini par jouer au scrabble : Trois bonnes heures dans la simplicité de la rencontre. Aujourd’hui, je passe les voir toutes les semaines, pour les aider dans des démarches plus ou moins pratiques mais surtout pour la joie de nos rencontres durant lesquelles nous apprenons à nous découvrir et nous connaître. De fil en aiguille, une amitié est née enracinée dans une présence simple et gratuite.

Claire