Homélie de mgr Kockerols pour le dimanche de Bon Pasteur

Il y a plus de 25 ans, aux funérailles du Roi Baudouin, le Cardinal Danneels avait entamé son homélie en disant « il y a des rois qui sont plus que des rois, ils sont les bergers de leur peuple ». Des bergers, des pasteurs, des gens qui nous conduisent : nous en avons tous besoin. Plus encore en ces temps-ci. Il y a bien des inquiétudes et donc beaucoup d’attentes. Où va-t-on ? Et surtout qui peut nous encourager, nous rassurer.
Dans les angoisses de notre monde, on cherche des bergers. Bien plus des bergers que des chefs. Le chef commande, le berger accompagne. Le chef décide, le berger écoute, montre le chemin et encourage. Le chef sait ce qu’il faut faire, le berger l’apprend, et souvent il l’apprend des brebis elles-mêmes. Il y a une confiance réciproque.
Quand Jésus se présente à ses disciples comme le Bon pasteur, il évoque cette véritable intimité : le berger connaît ses brebis par leur nom, pas comme un numéro. Chacun donc est pour lui un unique. Et les brebis connaissent la voix du berger, une voix qui leur est familière, avec un ton que l’on reconnaît entre mille. On se connaît, on se fait confiance.
J’aimerais mettre trois petits points en exergue pour le temps que nous vivons. Dans ces temps difficiles, l’Evangile invite à entrer plus encore dans cette relation avec Jésus Bon pasteur. Et donc d’abord accepter que nous avons chacun besoin d’être accompagné, par celui qui nous « conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom » (ps 22). Accepter aussi que le Seigneur nous offre cette compagnie, cette présence. Il y a une humilité qui nous est demandée : non, je ne sais pas tout, loin de là. Je ne sais pas très bien où je vais et ça me fait peur. Mais Seigneur Jésus, je t’accueille comme berger. Je veux toujours mieux connaître ta voix, qu’elle me soit familière, toi qui me connaît par mon nom. Reconnaître ta voix, c’est chaque jour me tourner, me convertir à toi. C’est à revivre chaque jour que tu me donnes. Il m’arrive si souvent de partir par d’autres chemins. Oui, que notre époque soit être vraiment un temps de conversion.
Dans ces temps difficiles, l’Evangile nous rappelle aussi qu’être pasteur n’est pas facile. Dans l’Eglise, certains ont une mission pastorale. C’est un ministère, un service. Ils le font comme disciples de Jésus, dans la force de l’Esprit St, avec les limites humaines qui sont les leurs. Le pape François les encourage à être devant leur peuple, pour le guider, mais aussi au milieu de ce peuple, pour lui être vraiment familier, et à l’occasion de suivre ce peuple qui a le sens inné des bons pâturages. La mission de pasteur dans l’Eglise est très exigeante. Aimez vos pasteurs, ou au moins respectez les. Oui, que notre époque soit vraiment un temps pour mieux comprendre combien la mission pastorale est belle, mais tellement exigeante.
Dans ces temps difficiles, l’Evangile nous rappelle enfin que le berger est celui qui rassemble, qui unit le troupeau autour de lui. Cela s’appelle l’Eglise. Dans l’évangile de ce jour, c’est au pluriel qu’on parle des brebis qui sont rassemblés dans l’unité. Si nous entrons plus avant dans cette relation au Christ, c’est donc aussi pour entrer dans un corps, dans une réalité plurielle. Oui, que notre époque soit vraiment un temps d’unité autour du Seigneur, et pas de divisions.
Nous prions ce jour-ci pour les vocations. Aucune vocation ne surgit de nulle part, a fortiori la vocation à une vie consacrée. La vocation, c’est dans le cœur des jeunes une envie qui naît. Une envie de donner, de se donner et de servir. Cette envie de servir ne surgira qu’à trois conditions : que notre époque être vraiment un temps de conversion, qu’elle soit un temps de charité, de prière pour les pasteurs, qu’elle soit un temps d’unité, de communion autour du Seigneur, le seul Bon Pasteur.
Et puis… à l’occasion, soyons bons pasteurs les uns pour les autres ! Amen.

+Jean Kockerols