La Communion (Corpus Christi) | L’interprétation « divine » d’un jeune acteur

Synopsis : Daniel, 20 ans, se découvre une vocation spirituelle dans un centre de détention pour la jeunesse, mais le crime qu’il a commis l’empêche d’accéder aux études de séminariste. Envoyé dans une petite ville pour travailler dans un atelier de menuiserie, il se fait passer pour un prêtre et prend la tête de la paroisse. L’arrivée du jeune et charismatique prédicateur bouscule alors cette petite communauté conservatrice.

Acteurs : Bartosz Bielenia, Aleksandra Konieczna, Eliza Rycembel, Tomasz Zietek, Zdzislaw Wardejn, Lukasz Simlat.

« Corpus Christi » interroge des pans du religieux, mais est aussi une belle œuvre cinématographique, tant par la construction de l’intrigue, le choix des cadrages, la musique et l’interprétation « divine » d’un jeune acteur (Bartosz Bielenia, essentiellement connu dans le milieu théâtral et des séries télévisées), habitée d’un souffle qui transcende son personnage. L’acteur, âgé de 27 ans, est suffisamment « juvénile » pour incarner ce jeune délinquant de 20 ans.

Si l’intrigue n’est pas l’essentiel du film (inspiré d’une histoire vraie), elle est cependant importante pour qui ne se sentira pas attiré, de premier abord, par la dimension religieuse du film. Aussi il n’y aura pas trop de révélation sur le déroulement de l’action, car action il y a : le film n’est pas contemplatif… Le cinéma a déjà abordé le thème d’une personne qui arrive dans une communauté en se faisant passer pour un prêtre. La plupart des cas, ce n’étaient pas des intrigues contemporaines et l’on peut le comprendre car il est fini le temps ou le prêtre était placé sur un piédestal (avec l’instituteur et le médecin). Ici, nous sommes au XXI siècle… en Pologne. La culture catholique y est profondément ancrée, au risque d’avoir des attitudes et comportements aux antipodes de l’Evangile (en matière sexuelle notamment). Ici, Daniel qui arrive dans un petit village perdu de Pologne (où il est censé venir travailler dans une usine à bois locale) est perçu comme un gamin par une jeune fille qu’il rencontre dans une église. Quand, par bravade ou par jeu, il lui annonce qu’il est prêtre, il lui suffit de mettre un col romain (qu’il a dérobé, sans raison particulière, en quittant le centre de détention) pour que les règles du jeu changent. C’est que dans une société et une culture profondément catholique, l’habit fait le moine, ou ici, un col fait le prêtre. Il y a un « croyable disponible » pour accepter le fait qu’il est prêtre et qu’il a donc autorité d’une part, et le droit d’être là !

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