La Libre | « Comment trouver encore du sens durant les jours qu’il me reste à vivre ? »

 

Opinions : Une résidente de maison de repos témoigne : « Comment trouver encore du sens durant les jours qu’il me reste à vivre ? »

 

Les politiques, en décidant de limiter les contacts entre les résidents de maisons de repos et leur famille, nous font mourir à petit feu. Mais moi, je veux mourir vivante, remplie de la présence et de l’amour de mes proches.
Une résidente de maison de repos témoigne : « Comment trouver encore du sens durant les jours qu’il me reste à vivre ? »

Le témoignage d’une résidente de 90 ans, rapporté par Natacha Tanghe, animatrice pastorale de la santé Brabant Wallon.

La souffrance des aînés

Au début du confinement, je ne comprenais pas très bien ce qui nous arrivait : en effet un virus nommé « covid19 » nous condamnait à rester enfermés dans notre chambre. On ne comprenait pas trop, mais on obéissait.

Au fils des jours, on sent la peur s’installer, mais qu’est-ce que ce virus ? Nous ne voyageons pas, nous n’allons pas en boite de nuit, pourquoi nous ? Que se passe-t-il ?

Un virus invisible nous enferme dans ma chambre, comme lorsque j’envoyais ma fille réfléchir après une grosse bêtise ! Qu’est-ce que j’ai fait ?

Le personnel n’arrête pas de se laver les mains, et même de se les désinfecter, et ils n’osent même plus me toucher, mais c’est quoi ce virus ? Est-ce que je l’ai ? La TV et la radio ne parlent que de ça.

Petit à petit, les masques, les gants, les tenues de cosmonautes font leur apparition.

Suis-je contagieuse ? On m’explique qu’il faut rester prudent, et l’absence de visites devient de plus en plus pesante !

Je n’y comprends pas grand-chose, mais je n’ai pas le choix, j’obéis.

Ma famille et mes proches me téléphonent, je les sens angoissés, mais que se passe-t-il dans ce monde !?

Un espoir : le déconfinement annoncé !

Je peux enfin voir ma famille, mais avec masque, désinfectant, distance de sécurité et un plexi devant nous ! Mais bon quel bonheur ! Je vois bien que ma fille est mal à l’aise, je la connais, elle est très inquiète. Mais 20-30 minutes, c’est très court !

Tiens au fait, où est madame X , je ne la voie plus au réfectoire ! À force d’insistance, j’apprends qu’elle n’est plus de ce monde ! Mon Dieu !

Quelques semaines plus tard, la pandémie reprend, on nous re-confine !

Mais quoi ? Combien de temps cela va t-il encore durer ? Je n’ai pas toute la vie devant moi, hein ! Six mois sont passés… J’aimerais tant serrer mes enfants dans les bras, voir mon arrière-petit-fils qui vient de naître, le dorloter… Mais non, interdit, c’est trop dangereux !

Contribution externe publiée le 07/10 – Accéder au reste de l’article.

Visiter la page de la pastorale de la santé du vicariat du Brabant Wallon.

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