Le pape et l’imam publient un document sur la fraternité. Qu’y trouve-t-on ?

 

Le pape François et le grand imam Ahmed el-Tayeb ont signé un document condamnant fermement le terrorisme et faisant la promotion de la liberté et les droits des femmes.

La rencontre entre le pape François et l’imam Ahmed el-Tayeb marque une date importante dans l’histoire. Dans son discours de lundi soir, le pape a lui-même évoqué la rencontre de son saint homonyme avec le cheikh al-Malik al Kamil, lors des croisades, il y a exactement 800 ans. (Lire le texte intégral du discours du pape) Mais la réunion fournit également un document sur la fraternité en vue de la paix et la vie en société qui s’adresse à tous.

Ce texte se veut « un guide pour les générations futures afin de promouvoir une culture de respect mutuel fondée sur la grâce divine qui rende tous les peuples frères et sœurs ».

# 1 Au nom des plus faibles
En rupture avec la prévalence de la loi du plus fort, le document propose une voix radicalement différente. L’éclairage ici n’est pas donné au nom de l’Église ou d’Al-Azhar, ni même au nom de tel ou tel Dieu.

Au contraire, la déclaration est clairement formulée au nom de la vie humaine dans toute sa fragilité ; au nom des pauvres et des exclus, des orphelins, des veuves et des réfugiés ; au nom des peuples victimes de calamités ou de guerres ; au nom de toutes les personnes de bonne volonté.

Si le plus faible de nos camarades est notre préoccupation commune alors nous pouvons aller loin.

# 2 En quelques mots
Le texte affirme qu’une culture du dialogue est la voie, que la coopération le code de conduite, et, l’écoute mutuelle la règle et méthode.

# 3 Analyse des défis
Il est intéressant de voir où le texte explique les causes de la crise que le monde traverse. Il reconnaît les réalisations positives de la civilisation moderne, mais établit un déclin moral qui conduit à l’amoindrissement du sens des responsabilités parmi les dirigeants mondiaux. Cela engendre la frustration et le désespoir, dont découlent toutes sortes d’extrémisme. En outre, la répartition inégale des richesses semble provoquer des tensions et des troubles. Sans mentionner explicitement la guerre au Yémen, il est fait référence à la mort de millions d’enfants par la faim, la pauvreté et au silence inacceptable sur ces sujets au niveau international.

# 4 Condamnation de la violence et du terrorisme sectaire
C’est la tâche première et la plus importante des religions que de croire en Dieu et de L’honorer. La vie et la terre sont un cadeau de Lui, que nous devons donc protéger :

  • De là découle la condamnation de toutes les pratiques qui menacent la vie : génocide, terrorisme, déportation, traite des êtres humains, avortement et euthanasie.
  • Les religions ne devraient jamais générer la guerre, la haine, l’hostilité, l’extrémisme et les effusions de sang. [Le terrorisme religieux est une déviation des enseignements religieux. Il est le résultat de l’instrumentalisation abusive des religions ou le fruit de groupes religieux qui trompent les gens.]

# 5 Un engagement concret
Enfin, le texte s’engage sur un certain nombre de convictions : un enseignement religieux authentique s’enracine dans la paix et la coexistence harmonieuse, par exemple. Mais aussi : la liberté comme droit pour chaque personne, une justice basée sur la miséricorde. Concrètement, le texte appelle à la protection des bâtiments de culte, qu’il s’agisse d’églises, de mosquées ou de synagogues. Le texte contient également un appel clair à ne plus financer les mouvements terroristes, à ne pas fournir des armes ou ne pas contribuer à la diffusion de leur stratégie ou à ne pas chercher à justifier leur existence. Bien au contraire, il s’agit de crimes internationaux qui menacent la paix mondiale. Le document prêche également en faveur des droits des femmes comme le droit à l’éducation et à l’emploi, et les droits politiques. Les lois qui empêchent les femmes d’exercer pleinement leurs droits doivent être réformées.

Lieve Wouters – Kerknet 05/02/2019
Traduction Anne Périer