Le secteur de l’enseignement, fort touché par cette crise du corona virus

La crise du corona virus a touché tous les secteurs y compris celui de l’enseignement. Du jour au lendemain, les écoles ont été fermées et les différents établissements ont dû, chacun à sa manière, trouver des solutions pour continuer les cours à distance. Cela n’a pas toujours été très facile. 

 

Le collège Matteo Ricci est un collège à ouverture numérique, et nous travaillons depuis septembre, par l’entremise de l’informatique. Nos tableaux interactifs et notre plate-forme Smartschool faisaient partie de nos pratiques pédagogiques. 

France Dewinter, professeure depuis 25 ans

 

En effet, contrairement à d’autres établissements, le collège Matteo Ricci avait déjà mis en place l’application « Smartschool » et tous les élèves y avaient déjà accès.

France Dewinter et ses collègues ont réalisé pour certaines classes, un planning pour baliser leurs journées. Ce n’était pas toujours très évident lorsque certains élèves ont dû, pour des raisons familiales, gérer leur quotidien, seuls, sans compter ceux qui n’avaient pas de connexion internet fiable ou qui ne possédaient ni ordinateur ni portable.

« Certains élèves ont vécu cette période comme une coupure sociale évidente. » 

 

Christophe Doat, jeune enseignant au collège Matteo Ricci, s’est montré très disponible pour ses élèves grâce aux vidéos-conférences. Malheureusement, cela n’a pas suffi. Il a remarqué qu’au fil des semaines, les élèves étaient de plus en plus découragés. « Certains ont réalisé toutes les missions en temps et en heure (30% de mes élèves), d’autres ont fait la moitié (40%) et d’autres n’ont rien fait du tout (30%). »

  

C’est encore une toute autre histoire lorsque le travail consiste à accompagner les élèves. C’est le cas de Sylviane Debacker. Toujours au collège Matteo Ricci, elle accompagne les jeunes dans leur vie scolaire, lorsqu’ils connaissent des soucis en classe ou en famille. Ce n’était pas toujours facile pour elle. C’est normalement à cette période de l’année qu’elle rencontre les élèves pour les guider vers une nouvelle orientation pour l’année suivante. Le grand changement pour Sylviane n’a pas été l’écoute ou la bienveillance envers ces jeunes mais plutôt  le moyen d’entrer en contact avec eux. Skype, Whatsapp, téléphone et Smartschool ont été ses meilleurs alliés durant cette période. D’après elle, pour certains étudiants, cette période de confinement leur a permis de se poser et de réfléchir à leur avenir et c’est son rôle à elle de les aider à concrétiser leur projet.

Chaza Ajram, enseignante au Collège Roi Baudouin, un collège qui possède une grande diversité culturelle a été perplexe à l’idée de devoir enseigner à distance. Ses collègues et elle-même ont été pris de court par le confinement soudain. Malgré l’apprentissage via la plateforme « Smartschool », et le fait qu’elle n’ait pas donné de nouvelle matière, elle a senti un découragement auprès de certains élèves pour plusieurs raisons : rupture numérique (pas d’ordinateur ou un ordinateur pour toute la famille, manque de connaissance de l’outil), difficultés de compréhension des consignes, peur accrue de « mal faire », etc. Ils ont dû très vite s’adapter à la plateforme « Smartschool » mais dans l’enseignement, le digital ne suffit pas.

 

Rien ne remplace le contact humain réel. Les outils digitaux peuvent/doivent venir en complément à celui-ci. Ils doivent permettre une meilleure communication, être un support au cours donné en classe mais ils ne remplaceront jamais les interactions vécues en classe réelle. 

Chaza Ajram, professeur au Collège Roi Baudouin.

 

D’autres professeurs ont pris les choses en mains à temps. C’est le cas de Judith Sarment. Elle a crée des classrooms, dans lesquelles elle a inscrit ses élèves le vendredi, dernière journée de cours avant le confinement, ce qui lui a permis de créer un lien avec ses classes dès le début, rester en communication. Elle pense mettre en place le système des classrooms à l’année. Cependant, elle ne pense pas que les outils digitaux aient été un facteur de rapprochement. La dimension humaine est centrale dans le métier d’enseignant. 

Ce qui a été un facteur de rapprochement, c’est d’avoir été connectée avec eux dès le début, d’avoir été présente alors que nos repères changeaient et que l’atmosphère était assez anxiogène pendant toute la période du confinement. Ce qui reste important, c’est le lien. Pas seulement le contenu, même si ça reste central bien sûr.

Judith Sarment, enseignante au Collège Saint-Michel.

 

L’enseignement à distance a également appris des choses aux professeurs : 

« J’ai compris que je devais impliquer davantage mes élèves dans leur apprentissage, leur faire davantage confiance. Ils ont des ressources insoupçonnées. L’élève se sent alors concerné et prend ses responsabilités dans sa scolarité. » – Chaza Ajram

« Je prendrai davantage le temps de préparer chacun de mes cours, en me mettant à la place des apprenants (comme je l’ai appris durant le confinement). Ensuite, dans ma manière de donner cours et de travailler mes préparations, je leur ferai prendre conscience que c’est eux qui sont responsables de leur propre apprentissage. Enfin, comme je le leur rappelais durant nos vidéo-conférences, je leur dirais que l’écoute est la mère d’un apprentissage efficace. » – Chrsitophe Doat

« Il m’a fallu beaucoup d’imagination, de patience et de réflexion pour penser ma pédagogie différemment. Comment transmettre, enseigner loin de notre collège, tout en restant accessible, proche et soutenante ?  Pour réactiver la motivation de nos élèves et les attirer davantage sur notre plateforme en ligne « Smartschool », nous avons mis en place des missions « D », plus attractives encore. Celles-ci étaient accessibles à tous les élèves du collège, comme par exemple, un jeu-photos, pour reconnaître les professeurs quand ils étaient petits, la création de mélanges hétérogènes en sciences, pour créer des cocktails et les nommer, la lecture d’un début de récit par les professeurs, et permettre aux élèves d’en inventer la chute, la création d’un papyrus avec un tuto à l’appui, sur lequel les élèves devaient décrire une citation latine, la création de mélange de peinture, des réalisations de photos sur base d’un exemple de peinture, des défis sportifs. » – France Dewinter

« J’ai été surprise de voir que tant d’élèves venaient aux cours en ligne et avaient le souci de bien faire. Cette expérience m’a aussi poussée à être créative, en organisant par exemple un jeu concours en ligne. Réfléchir autrement, transmettre malgré tout. » – Judith Sarment

 

Une chose est sûre, élèves comme professeurs ont hâte de pouvoir se retrouver au sein de leurs écoles et de reprendre là ou tout s’est arrêté.

 

Retrouvez l’intégralité des interviews : 

Madame France Dewinter 

Monsieur Christophe Doat

Madame Sylviane Debacker

Madame Chaza Ajram 

Madame Judith Sarment

Georgina Abdlki