Message du frère Alois de Taizé en cette période de confinement

Suite aux ordres des autorités françaises, l’accueil à Taizé est fermé jusqu’au 13 avril. Les frères continuent leurs prières et les diffusent en ligne pour tous ceux qui souhaitent y participer à distance. Frère Alois adresse un message à tous les fidèles : 

« Non pas subir les événements mais, en Dieu, construire avec eux. »

Alors que nous poursuivons notre route vers Pâques, voici que de par le monde l’inquiétude grandit devant la diffusion du coronavirus. À Taizé, les circonstances nous font anticiper pour la première fois une Semaine Sainte et une célébration pascale sans visiteurs. Nous avons demandé aux personnes déjà inscrites de reporter leur séjour et l’église de la Réconciliation est fermée. Nous poursuivons notre vie de prière et de travail, « coupés de tous mais unis à tous ». Nous sommes conscients que l’intercession nous garde unis à tant d’autres personnes de par le monde.

Par téléphone ou par internet, nous recevons beaucoup de nouvelles de celles et ceux qui font face au même défi dans différents coins du monde. Certains de nos frères vivent ou voyagent en Corée, en Italie et ailleurs. Nos frères chinois, en contact avec leurs familles sur place, suivent avec attention et émotion les développements de l’épidémie depuis ses débuts.

Au-delà des précautions et adaptations indispensables qu’elle impose, cette crise sanitaire aussi inattendue qu’exceptionnelle nous interpelle profondément. Elle fait d’abord retentir en nous la souffrance et l’angoisse des victimes, des malades, de leurs familles, de tous ceux qui sont durement touchés par ses conséquences économiques. Nous les portons dans la prière.

Nous voudrions encore exprimer gratitude et admiration pour celles et ceux qui sont engagés de toutes leurs forces dans le soin aux victimes et plus largement dans la réorganisation des services publics. Il y a tant de témoignages de générosité créative, de solidarité, de résistance à la passivité et au découragement…

Et en ces heures difficiles, comment ne pas nous interroger : qu’est-ce que le Christ attend de nous ? Qu’est-ce que le Ressuscité qui rejoint ses disciples abattus, à travers les portes fermées, nous donne et à quoi nous appelle-t-il aujourd’hui ? Dans l’adversité du moment, selon la parole de frère Roger : « non pas subir les événements mais, en Dieu, construire avec eux. »

Cheminer à la suite du Christ nous entraîne à vivre la conversion, à nous détourner de l’obscurité et à nous tourner vers la lumière du Ressuscité. Jour après jour, ne nous laissons pas détourner par les peurs, colères, regrets, désarrois, par l’obscurité qui prétend recouvrir toute la terre et monopoliser toute notre attention… Mais restons unis, au plus profond de nos cœurs, à la source de la paix qui demeure au-delà de tout.

Alors que les mesures de confinement et de précautions sanitaires se multiplient pour faire barrière à la contagion, veillons au trésor des relations humaines. Gardons le contact – par un appel téléphonique, un message d’amitié – avec les plus isolés et en premier lieu les plus âgés, les plus fragiles et ceux qui sont déjà affectés par une autre maladie ou une autre épreuve.

Ces prochains jours, nous voudrions prendre et relayer des initiatives concrètes pour vivre une solidarité spirituelle. Chaque soir, une prière avec un petit groupe de frères sera diffusée depuis notre maison sur les réseaux sociaux (à 20h30, heure Europe occidentale). Et celles et ceux qui le souhaitent peuvent aussi nous envoyer des intentions de prière.

Comme le dit saint Paul aux Romains : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Est-ce que ce sera la détresse, ou bien l’angoisse, ou encore la persécution, la faim, les privations, le danger, la mort ? (…) J’ai la certitude que rien ne peut nous séparer de l’amour que Dieu nous a manifesté en Jésus Christ notre Seigneur. » (Romains 8,35.38-39)

Frère Alois