La Semaine sainte s’ouvre par la bénédiction et la consécration des huiles et du chrême par les évêques, sous les voûtes de leur cathédrale. Cela a lieu lors de la messe chrismale.
A Bruxelles, ce sera le Cardinal De Kesel, assisté par mgr Kockerols, qui présidera cette cérémonie le mardi 12 avril à la Cathédrale.
Nous vous proposons de (re)découvrir comment est fabriqué cette huile si particulière, ses usages, …
Comment les huiles saintes sont-elles fabriquées ?
Des matières premières naturelles et pures composent les huiles destinées à l’onction des catéchumènes, des malades et des baptisés. Les deux premières, destinées aux catéchumènes et aux malades, ont pour support une simple huile d’olive pressée à froid sur laquelle est prononcée une bénédiction spécifique. Symbole de vigueur, elle accorde force et intelligence aux futurs baptisés et soulage le corps, l’âme et l’esprit des malades.
La fabrication du chrême obéit, quant à elle, à des règles plus précises. La première étape est un mélange d’huile d’olive et de baume : une résine aromatique importée d’Orient ou du Pérou, chauffée au bain marie. Cette base reçoit ensuite trois essences parfumées : la lavande, le serpolet et le romarin. Cette « fabrication » est un rite à part entière, souvent accompli au cours de la célébration, même s’il peut aussi l’être avant. Après avoir procédé à l’association des substances, l’évêque souffle sur le chrême, avant d’invoquer sur lui la puissance de l’Esprit.
Selon quels rites et pour quels usages ?
Initialement prévue le matin du jeudi Saint, en ouverture du Triduum pascal, la cérémonie de bénédiction et de consécration de l’huile des malades, de l’huile des catéchumènes et du chrême est anticipée le lundi ou le mardi, lors de la messe dite « chrismale ». Des raisons pratiques (disponibilité des prêtres et accès aux fidèles) ont motivé cet aménagement, qui permet au plus grand nombre de découvrir un rite, hérité de coutumes de la Haute Antiquité et considéré comme de tradition apostolique.
Cette messe est célébrée par l’évêque, car c’est lui qui est « à la source » des sacrements pour son Église diocésaine. Il célèbre cette cérémonie avec tous les prêtres de son diocèse qui le peuvent, manifestant ainsi l’unité du « presbyterium ».
Deux bénédictions, une consécration?
C’est bien cette différence qu’il faut saisir : alors que les huiles sont bénies, le chrême est consacré. Deux choix sont possibles pour le rituel. Il peut se faire après la rénovation des promesses par les prêtres et diacres ou au cours de la prière eucharistique. Génuflexion ou inclination, la tradition et les usages au sein de l’Église reconnaît au chrême un caractère sacré particulier : il porte la présence et la puissance de l’Esprit saint, qui confère les grâces indélébiles propres à trois sacrements. Le chrême est en effet utilisé pour les sacrements dits « à caractère » : baptême et confirmation qui configurent le chrétien au Christ, Fils du Père, mais aussi l’ordre, qui configure diacres, prêtres et évêques au Christ souverain prêtre. Cette onction de chrême s’étend ponctuellement aux objets de culte : autels, croix calices et icônes, à l’occasion de leur consécration.
© texte: Armel de Sansal dans Contact Emmaüs: 2022-04 Avril