Recension : L’imam, l’évêque et le rabbin

livre-imama-eveque-rabbinLe service de la liturgie vous recommande l’ouvrage ‘L’imam, l’évêque et le rabbin’.

Ce livre très intéressant nous retrace les détails des rencontres et des dialogues variés entre trois amis de religion différente, trois voisins car tous d’Evry en région parisienne. Le premier Khalil Merroun est l’imam donc musulman, le second Michel Dubost l’évêque catholique et Michel Serfaty le rabbin de religion juive. Ils sont devenus trois amis « pas d’accord sur tout mais se retrouvant sur l’essentiel. » (p.11). Après nous avoir présenté chacun de nos interlocuteurs, nous entrons dans le vif du sujet en commençant par le choc des attentats de Paris le 13 novembre 2015. Ils doivent ainsi réagir ensemble « face à l’impensable » (p.33) Ils vont alors aborder tous les sujets brûlants de notre époque mouvementée : terrorisme, racisme, laïcité, éducation. Rien ne va leur échapper aussi bien le voile islamique que l’antisémitisme ou les femmes prêtres et bien d’autres encore.

Tout au long de cette lecture enrichissante, le lecteur aura plus d’une occasion pour admirer à tour de rôle chacun de nos interlocuteurs qui savent souvent trouver le mot juste pour nous interpeller et nous inviter à aller de l’avant.

Ainsi face à l’impensable des attentats, Khalil Merroun n’hésite pas à nous dire qu’il ne s’agit pas de demander des comptes à l’Islam mais surtout il faudrait « que les communautés marchent ensemble » et resserrent les rangs (p.77) Se refusant à tout prosélytisme, il précise : « Si j’ai un travail à faire, c’est plus de convaincre les miens de venir d’avantage à la prière que d’aller récolter la semence dans le pré de l’autre. » (p.105). Il est Imam et en cela il doit être un exemple (p.169) et il doit entraîner sa base dans un dialogue interreligieux. « Si la base n’est pas convaincue, le dialogue n’a pas de sens. Il faut donc s’adresser à elle. » (p.216)

Michel Serfaty, notre rabbin ne semble pas très bavard. Mais on retiendra son engagement au service d’une association : l’Amitié Judéo Musulmane Française. « J’ai sacrifié une large partie de ma carrière de chercheur pour me consacrer à cette amitié : un engagement total. » (p.188)

Michel Dubost est très présent dans ces échanges. Il ne fait pas de longs discours et reste très concis dans ses affirmations qui pourraient à l’avenir devenir des points de références. Ainsi concernant la place des religions dans nos sociétés, il affirme à contrecourant de certains : « L’Islam comme le Christianisme ou le Judaïsme n’a pas à avoir de place. La République ne donne pas de place. Les gens en ont une. » (p.112) Nous invitant à vivre ensemble, il précise : « Vivre sa foi avec force ne veut pas dire la vivre dans la force. » (p.106) Et c’est vers la fin de ces rencontres qu’il conclura : « Nous sommes simplement des hommes qui espèrent Dieu pour construire la paix. La paix ce n’est pas l’absence de guerre. C’est la certitude que l’on peut entrer en relation avec l’autre. » (p.220)

La conclusion finale appartiendra à la société civile, le président du Conseil départemental d’Evry, Monsieur François Durovray. Pour lui, une telle rencontre paraissait improbable à beaucoup. Maintenant, « ici, elle est naturelle. Nous pouvons dire : Regardez, c’est possible, nous l’avons fait. » (p.224)

En lisant ce livre, vous y ferez une moisson de pensées percutantes qui pourront peut-être vous aider à faire vous aussi une expérience semblable : des rencontres entre amis, entre voisins. Il n’est pas nécessaire pour cela d’être un académicien en sciences religieuses.

Gilles Mathorel / ACRE

 

L’imam, l’évêque et le rabbin
terrorisme, racisme, laïcité, éducationleurs vérités, sans tabou
Sortie le 14 sep 2016
Khalil Merroun, Michel Dubost, Michel Serfaty
Entretiens menés par Florence Méréo
Editions Autrement