« Si je n’ai pas l’Amour, je ne suis rien » : le Pape aux périphéries

« Si je n’ai pas l’Amour, je ne suis rien » : le Pape aux périphéries

 

Du jeudi 26 au dimanche 29 septembre, le Pape François est venu visiter la Belgique, initialement à l’instigation des universités de Louvain et Louvain-la-Neuve qui fêtaient leur 600ième anniversaire.

Outre les obligations protocolaires inhérentes à ce type de visite d’un chef d’état et les rencontres en église avec le peuple des fidèles belges, l’agenda du souverain pontife durant son séjour en Belgique, comportait aussi des événements en marge mais qui révélait bien le sens de l’autre qui anime le chef de l’Eglise Catholique.

 

Des rencontres à la marge

Ainsi le pape François a rencontré 17 victimes d’abus sexuels en milieu ecclésial samedi après-midi (Accéder à l’article de Vatican News sur la question ici).

Autre choix qui a imprimé une coloration particulière à ce voyage papal, est le fait que se soient glissées dans un agenda très rempli, deux rencontres directes avec des vérités de terrain : d’une part le vendredi 27 après sa visite au Palais, un passage au Home St-Joseph. Cette maison de repos de la rue haute à Bruxelles est tenue par les petites Soeurs des Pauvres, et, vit grâce à la générosité et au soutien d’une armée de bénévoles qui s’y investissent assurant des services précieux pour seconder les sœurs et le personnel dans la vie quotidienne de la maison (Lire l’article de Vatican News ici). Sœur Régine, la dynamique directrice de cet établissement accueillant, a apprécié cette visite inespérée et à l’origine de laquelle elle n’était pas.

Enfin, avant de se rendre samedi matin, à la rencontre avec les 1200 membres de l’Eglise Catholique réunis à Koekelberg, le Pape a été prendre un café avec des habitués du Petit Déjeuner pour Tous en l’église de Saint-Gilles. Cette initiative émanant de paroissiennes qui a lieu tous les samedis matins, propose aux plus démunis un temps de collation (café chaud, tartines ou parts de quiche) ; elle est en prolongement du service de l’Entraide de Saint-Gilles, centre social catholique sis au 67 rue de l’Eglise, juste derrière celle-ci. Ce centre d’aide fondé par Jean Degive offre outre un accueil du lundi au vendredi, toute une série de services complémentaires (douches, consignes, vestiaires mais aussi l’accès à deux assistantes sociales pour l’aide à toutes les démarches administratives, de santé ou de recherche de logement). Chaque jour, c’est une petite centaine d’habitués et de nouveaux visages qui s’y pressent pour un temps de pause bienvenue après une nuit à l’extérieur. Les liens entre les paroissiens et l’Entraide sont nombreux et anciens ; ainsi pour financer cette dernière, est née la Biche de Saint-Gilles, une bière dont 100% des bénéfices permettent au centre de poursuivre son travail.

 

Prendre un café avec David et Kit et leurs compagnons

Le pape François a eu l’occasion d’échanger avec des personnes vivant ou ayant connu la rue. Ainsi Kit et David.

David, la trentaine, originaire d’un quartier ouvrier de la région de Charleroi, a été marqué dès son plus jeune âge par les inégalités sociales. En février 2021, après un séjour en France, il revient en Belgique et s’installe à Saint-Gilles. Ses débuts sont difficiles mais il se rapproche de la communauté des sans-abris du Parvis de Saint-Gilles où il trouve des amis et sa place. Rapidement, David qui par ailleurs est musicien, devient aussi bénévole auprès de plusieurs associations caritatives dans la capitale. Il s’investit aussi dans le projet local la Biche de Saint-Gilles. Au fil des années, il voit plusieurs de ses amis de la rue décédés brutalement, ce qui le marque. Il débute lui-même un parcours de foi et demande le baptême au sein de l’UP de Saint-Gilles. Malgré les difficultés rencontrées, David garde espoir et travaille désormais à l’Entraide de Saint-Gilles en tant qu’assistant administratif et animateur. Déterminé, il souhaite continuer à travailler dans le secteur social pour à son tour aider les autres.

Kit, né dans un pays d’Afrique Centrale dans une famille chrétienne, a vu son enfance marquée par la foi et de nombreuses épreuves. Adolescent, il devient un enfant des rues de la capitale économique de son pays, confronté à la dureté croissante de la vie. C’est alors qu’il prend la décision de tout quitter pour tenter la dangereuse traversée vers l’Europe, un périple semé de violences, de morts et de désillusions.

Traversant trois pays avant la Tunisie, il subit des violences et l’enfer des prisons. Malgré ses doutes, sa foi en Dieu reste intacte, le convaincant de poursuivre son chemin. Le moment le plus marquant survient lors de la traversée de la Méditerranée, à bord d’une barque surchargée. Alors que l’eau menace de les engloutir, Kit entraîne ses compagnons, pour la plupart des ressortissants du même pays d’Afrique et chrétiens, dans un chant d’espoir. Par miracle, ils atteignent Lampedusa, en Italie. Aujourd’hui, Kit se reconstruit en Belgique, dans l’attente de papiers qui lui permettront de travailler. Fortifié par sa foi, il chérit le jour béni de cette rencontre avec le Pape François et garde dans son cœur cette joie intense pour la partager un jour avec ses futurs enfants.

 

©Photos tous droits réservés

Ce que le Pape a partagé avec ses compagnons de petit déjeuner d’un jour

Chers frères et sœurs, bonjour !

Merci pour cette invitation au petit déjeuner ! Il est agréable de commencer la journée entre amis, et c’est l’ambiance qui règne à Saint-Gilles.
Je remercie Marie-Françoise, Simon et Francis pour ce qu’ils ont dit, et je suis heureux de voir comment ici l’amour nourrit continuellement la communion et la créativité de chacun : vous avez même élaboré La Biche de Saint-Gilles, et j’imagine que c’est une très bonne bière ! Dans l’après-midi, je vous dis si elle est bonne ou non.

Comme l’a dit Marie-Françoise, « la miséricorde montre le chemin de l’espérance » – très beau ! – , et le fait de se regarder avec amour aide tout le monde – tout le monde ! – à se tourner vers l’avenir avec confiance et à se remettre en route chaque jour. La charité est ainsi faite : elle est un feu qui réchauffe le coeur, et il n’y a pas de femme ou d’homme sur terre qui n’ait besoin de sa chaleur.

C’est vrai, il y a beaucoup de problèmes à affronter – vous le savez bien –, comme nous l’a dit Simon, et parfois on rencontre le rejet et l’incompréhension, comme nous l’a dit Francis, mais la joie et la force qui viennent de l’amour partagé sont plus grandes que toutes les difficultés, et chaque fois que l’on s’engage dans la dynamique de la solidarité et de l’attention réciproque, on se rend compte que l’on reçoit beaucoup plus que ce que l’on donne (cf. Lc 6,38 ; Ac 20,35).

À la fin de notre rencontre, il y aura un don à la paroisse d’une statue de saint Laurent, diacre et martyr des premiers siècles, célèbre aussi pour avoir présenté à ses accusateurs, qui voulaient les trésors de l’Église, les membres les plus fragiles de la Communauté chrétienne à laquelle il appartenait, celle de Rome, la chose la plus importante mais aussi la plus fragile : les pauvres, les nécessiteux.

Ce n’était pas une figure de style. Ni une simple provocation. C’était et c’est la pure vérité : l’Église a sa plus grande richesse dans ses membres les plus faibles, et si nous voulons vraiment connaître et montrer sa beauté, il nous sera bon de tous nous donner les uns aux autres comme cela, dans notre petitesse, dans notre pauvreté, sans prétention et avec beaucoup d’amour. C’est ce que nous a enseigné pour la première fois le Seigneur Jésus, qui s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté (cf. 2 Co 8, 9).

Chers amis, merci de m’accueillir parmi vous et merci pour le chemin que vous parcourez ensemble. Et merci pour le petit déjeuner ! Je vous bénis tous et je prie pour vous. Et je vous le demande, priez aussi pour moi. Merci !

©Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

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