SIPI | « Soyons des anticorps au virus de l’indifférence »

En octobre 2020, les Evêques de Belgique ont invité les catholiques et leurs organisations à répondre à un questionnaire sur la façon dont ils vivaient la crise sanitaire actuelle et la manière d’y répondre. Nous tenons à remercier chaleureusement les personnes et institutions pour leurs réponses constructives.

De nombreux chrétiens voient dans cette crise un kairos, un « moment de vérité » révélateur des forces et des faiblesses non seulement de notre Eglise, mais également de notre société.

Les réponses révèlent :

  • L’ampleur des drames vécus, personnels, sociaux, économiques et spirituels. Une prise de conscience aussi : de tels drames affectent, en effet, de larges portions de l’humanité confrontées en permanence à la guerre, à la faim, aux épidémies, et à la dégradation de l’environnement.
  • Le courage dont font preuve de nombreuses personnes, dans le service des autres, en particulier celui des acteurs des soins de santé, qui, renonçant à leur propre confort, se dévouent au risque de leur propre santé. A juste titre, la population leur a manifesté sa reconnaissance.
  • Une grande richesse d’initiatives concrètes illustrant le fameux vers du poète Friedrich Hölderlin, rappelé par le Pape François : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve ».
  • La nécessité d’une prise de conscience des possibilités de participer personnellement à la vie spirituelle et chrétienne, notamment à travers la liturgie « domestique » (à la maison, en famille), complément indispensable aux célébrations collectives rendues difficiles, et à travers les gestes concrets de solidarité.
  • L’importance des médias et des réseaux sociaux, pour les contacts interpersonnels et pour les célébrations, mais aussi le risque de « fracture numérique », soulevé par le Pape François, « tout en étant davantage connectés, nous sommes également plus divisés ».

Les réponses montrent aussi des tensions :

  • Tension entre ceux qui considèrent que la priorité de l’Eglise devrait consister à rétablir un fonctionnement normal des liturgies – à quoi il faut répondre que ce sont les Gouvernements Fédéral et Régionaux qui fixent les mesures sanitaires dans l’espace public – et ceux qui considèrent que la priorité doit plutôt être donnée à la solidarité avec les personnes les plus affectées par la pandémie ;
  • Tension entre ceux qui estiment que l’Eglise fait « trop peu », est « trop peu créative », et ceux qui témoignent au contraire des trésors de créativité dont font preuve les chrétiens, leurs communautés et leurs organisations.

Les différentes dimensions de la vie chrétienne, loin de s’opposer, se renforcent mutuellement. Les chrétiens engagés dans une action sociale ont aussi besoin de célébration, communautaire ou familiale. Cela fait partie des « besoins essentiels » des chrétiens.

Nous invitons les chrétiens et leurs communautés à continuer à faire preuve d’espérance dans la prière, de discernement et de créativité. A tirer aussi les leçons des expériences, pour que tous les efforts réalisés ne le soient pas en vain, mais puissent inspirer de nouvelles façons de vivre comme chrétiens, dans le service fraternel, dans la prière et à travers les célébrations. Comme l’écrit le Pape François, « Si nous voulons sortir moins égoïstes de cette crise, nous devons nous laisser toucher par la souffrance des autres. »

Nos prières et nos pensées vont enfin, et en particulier, à tous ceux qui sont partis durant la pandémie et à leurs proches qui n’ont pu les accompagner, humainement et spirituellement, comme ils l’auraient souhaité.

Soyons responsables, et comme nous y invite le Pape François, « soyons des anticorps au virus de l’indifférence ».

Les Evêques de Belgique
27.01.2021

Les Evêques s’engagent à concrétiser dans leurs diocèses les réponses reçues. Un résumé extensif des réponses à l’enquête des Evêques sur l’Eglise catholique et la pandémie est disponible sur Cathobel et sur Kerknet.